Ce n’est pas que tu attends
quelque chose de particulier
de ce texte particulier
que tu es en train d’écrire
mais quand même…
sait-on jamais
Sait-on jamais si
un zèbre soudain surgissait
tout frais sorti
de tes encres de chine
un zèbre animal à tête d’humain
-tu vérifies la polysémie
sur l’article du Robert-
Du zèbre drôle de type
Tu passes au zéro
De ce mot
dont tu fis maints poèmes
Tu connais l’étymologie
Tournant autour du chiffre
comme disent ceux qui lisent
les messages cryptés
Zéro comme la forme
d’une horloge de gare
la gare d’un roman
dont le narrateur
essaie en vain de
parcourir à rebours
le cimetière des heures passées
Voilà comment un texte particulier
dont tu n’attendais rien de particulier
réactive la mémoire
de ta passagère du silence
ta morte bien-aimée
Zèbre Zéro Horloge
Éclats d’un temps
que l’on voudrait fixer
mais que l’on perd en route
C’est ta voix maintenant
Que tu retrouves dans un chant
Une chanson rengaine
de ton adolescence
qui sortait de l’électrophone
faisant entendre les grains de voix
du Gorille ou de Putain de toi
Tu étais un drôle de zèbre
Naïf curieux
Ouvert à tous les vents
Remettant chaque jour
les compteurs à zéro
Le texte maintenant
atteint la limite
de cette carte blanche
pliée en quatre
son espace choisi
Mais avant qu’il ne disparaisse
tu mets encore un jeton dans la rainure
Tu as sélectionné les yeux fermés
ta dernière chanson
*citation d’un roman
Si par une nuit d’hiver un voyageur (1981)
Italo Calvino
18/02/2020