RETOUR EN GRÂCE

RETOUR EN GRÂCE le mot retour fait 15 points au scrabble le Scrabble est un jeu de société et un jeu de lettres où l’objectif est de cumuler des ponts sur la base de tirages aléatoires de lettres il a été conçu par Alfred Mosher Butts (13 avril 1899-4 avril 1993) un architecte new yorkais voilà la traduction littérale de mosher en caractères chinois (voir la version manuscrite ci-dessus) Retour en grâce du stylo qui écrit tout seul sur la grande page de nuit dans un temps qui paraît continu mais qui qui est fait de sauts et de gambades  je ne sais ce que je vois en l’écrivant sans savoir toujours ce que j’écris ce que je crée j’ai fait un dessin à la craie sur un grand tableau de cuisine à côté duquel ma petite fille Alice qui aura 1 an dans 22 jours prend ses repas à pleines mains s’embarbouille et en rit de plus belle au 23 Perrers Road in London à London allons donc pêcher la crevette dit la chanson qui faisait sautiller la pétulante Pétula Sally Owen Clarck née le 15 novembre 1932 le but de cette page est de montrer que les faits en tant que tels contribuent à promouvoir leurres et illusions l’expérience de l’écriture sur le papier au format A4 horizontalement permet un resserrement de l’instant dans la mesure où étant donné que vu que puisque en parlant ainsi au papier ma main que Nature a fait devenir vieille reprend une certaine oisive jeunesse on était si jeune jeune jeune je revois andré dussolier qui a mon âge à un an près bondissant en 1985 dans trois hommes et un couffin confiant en cette vie faite de fêtes bien arrosées d’alcools de vins et d’une caille – la dernière- qui s’appelle Sophie pour se retrouver le lendemain aux aurores dans l’avion pour Tokyo tandis que ses deux potes cohabitant découvrent sur le palier de leur appart une petite fille adorable qui ressemble à la mienne d’aujourd’hui et dont les pauvres diables ne savent que faire tous les bébés sont ingérables s’ils ne sont pas attendus comme le ou la messie s’ils ne sont pas nés en fête en fièvre d’amour qui demeure en moi toujours et ne s’alente disait Ronsard dans son ode à Cupidon

13 janvier 2023 retour au bercail dans ma maison des Martigues donnant sur la mer et la mère elle est toujours là

LA MAISON POÉSIE la seule où il fait bon vivre





LA PETITE GRÂCE

30 12 2008





L’écriture est une grâce mais elle n’existe que grâce à de multiples tentatives

qui oscillent entre impasses et petits bonheurs de(s) sens

Les mots alors s’insèrent dans la chaîne d’une conversation

depuis longtemps commencée

et que nous avons l’illusion qu’un(e) autre prolongera

quand nous aurons quitté la scène





AU SOLEIL DES LOUPS

30 12 2009





Le soleil des loups

Etait cette nuit

Tranchant sur la joue

De ce drôle d’Inuit

Ce pâle voyou

Défaisant syntaxe

Muselant son biniou

Poète contumace*

Sur le pont des rimes

Soufflaient figurants

Cupidon novice Diane et le team

De tous les dieux chébrans

Ça faisait la noce

Ça râlait pas mal

Entre mots d’Eros

Et gouttes de Tantale

Et puis au matin

Finita la tra

Montane et l’hallali

Les loups le tradéridéra

Poème bu jusqu’à la lie…

E la nave va!





* Le poète contumace (Tristan Corbière)





QUE SAIS-JE DU TEMPS ?

30 12 2010





On ne prend pas le temps avec des pincettes

Il pousse le temps il prolifère

Que sais-je du temps ?

Question sans réponse

mais non sans approches

sans voix amies pour le dire en secret

loin d’une quelconque maîtrise égotiste du temps

Échanges Passages Reconversions

du silence dans les textes qui nous touchent

que l’on tâte et que l’on suit des yeux

Braises éphémères des tropismes

du dictionnaire de Montaigne*

de tous les grands et petits récits depuis la nuit des temps

jusqu’à  l’aurore des paroles ès poésies

Temps dont on suit les ruisseaux et les fleuves des mille et un styles

Voix autres et métaphores qui font passer

– comme au théâtre quand il nous sublime –

le frisson sacré du temps…





* J’ay un dictionnaire tout à part moy :

je passe le temps quand il est mauvais et incommode;

quand il est bon, je ne veux le passer, je m’y tiens.

Montaigne





QU’ELLE ÉTAIT BELLE MA PROSTATE

30 décembre 2011





Dans un lit de clinique j’appuie sur la commande

Qui m’assied, me redresse, afin d’écrire, enfin,

le fin mot du dernier mouâ, mois de décembre.

Échec et mat : Qu’elle était belle ma prostate

Voguant, avant qu’elle ne devînt apostate

et qu’il fallût qu’on l’amputât, la scélérate !

Montée, descente, roue de fortune, chariot

qui brinquebale, chants du cygne, de grillons.

Ici, ailleurs, on est étain et puis de fer,

taureau, vautour, fleurs de rosée, argent et or.

Hermite au pied léger, liberté voletant,

Tu bâtis de guingois la maison Poésie

la seule où il fait bon vivre, poisson soluble

des deux jarres, le Corps de chair, l’Esprit de lutte.

Pour tâcher d’y voir clair, je lève dès matin

le filet des paroles ignorées d’un public

endormi et bercé par les fausses promesses.

Parfois, souvent, les rêts ne montrent qu’un grain

de lumière rauque, qu’il faudra transférer,

jardiner, tisonner, chanter au bord du gouffre…

Dans la paix souriante, mais non regrettante

comme écrivait Stendhal en ses galanteries.

Le Poète m’honore de ces brefs commentaires

«  C’est de plus en plus ardu d’ « Aimer l’Utopie »

Mais peut-être est-ce de plus en plus nécessaire. »*

Résister page à page et sans démériter !

Rareté et trouvailles, pour terminer l’année,

Je m’exerce au chinois, multiples caractères

Qui peu à peu m’accaparent et m’ouvrent à la voie.

Savoureux, ça vous rend heureux, comme un enfant

Qui joue dans le couloir des siècles silencieux.





*Philippe Jaccottet





AIMER L’UTOPIE

Jean Jacques Dorio

Encres Vives