J'écris comme un délire ce vers à goût de nuit Puis cet autre oubliant sur ma lyre qui je suis J'écris ce poème désuet sans attrait Dans le désert d'une chambre blanche à grands traits J'écris avec mon nouveau stylo Stabilo (pour surfaces lisses, papier, verre, métal) J'écris par intermittence mais sans ratures Une présence qui essaie d'oublier toute littérature J'écris en feuilletant des livres, en général Ô lit heureux l'unique secrétaire de mon plaisir* J'écris en particulier sur des livres que personne plus ne lit à part ceux et celles qui côtoient des rimes à n'en plus finir J'écris à voix basse ou de cette voix sans personne qu'affectionnent les poètes qui privilégient la mise en page J'écris cette quinzième ligne qui atteint la limite de ce poème à lire...les yeux fermés *Rémi Belleau (1528-1577)
Archives de l’étiquette : stylo
COMMENT DEVENIR POÈTE
L’une des méthodes les plus simples est d’écrire des poèmes
Noir sur blanc lentement mot après mot
Ligne après ligne
À la main sur une plage blanche
En s’excluant pour quelques minutes
Du jeu
Il faut répéter infiniment l’exercice
Toujours avec plaisir
Et pour cela choisir
Un papier un carnet un stylo
Qui nous agrée
Ne jamais faire de rature
Et si jamais un mot vient à la place d’un autre
Comme cette plage qui ci-dessus à remplacer page
L’accepter
Le poème est terminé quand il n’y a plus d’espace
On invente alors un titre
Et on laisse reposer
PLAISIR D’ÉCRIRE ?

PLAISIR D’ÉCRIRE ?
Sans le plaisir d’écrire, d’abord avec la main tenant ce stylo bleu ou noir, avec sa pointe plus ou moins fine, nul texte chez moi ne naît.
Nul texte ne s’enfante.
Mais cependant, ce premier jet réalisé, la plupart du temps, je m’arrête.
Plaisir d’écrire conduit trop aisément au bavardage. Le bas vardage c’est pour le pépiement, les clichés, les lettres moribondes
L’écriture, tout au contraire, se fait dans « la plume en absence » du bruit autour de soi, des certitudes, des évidences désuètes.
Cette page, par exemple, a accepté le vide, l’attente de cette voie sans personne, dont j’ignore, à cet instant précis, si elle va m’ouvrir un chemin nouveau ou me conduire à une impasse.
Soumettre ce texte au « grand ordinateur » me permettra, de le modifier « à la marge », avec le désir d’y voir un peu plus clair.
01/02/2021
ON N'ÉCRIT PAS SANS Y LAISSER DE PLUMES
On n’écrit pas sans y laisser des plumes
Plumes d’écolier
plumes gauloises
ou sergent major
que l’on mouillait
sur son poignet
avant de suivre la ligne
des pleins et des déliés
Lundi 14 mai 2018
Morale :
il faut s’appliquer et persévérer.
On n’écrit pas sans y laisser ses plumes
de jeune oiseau piailleur
puis de vieil oiseau gouailleur
emmêlé à la fable du monde
On n’écrit pas sans ses rêves d’enfant
oiseau de vie « oiseau secret qui nous picore »*
oiseau de mort qui disparaît avec nos corps
*Supervielle
Astoria dans le quartier du Queens
New York
14 05 2018
DICTIONNAIRE DE RIMES
Dictionnaire de rimes, mes grains de sénevé,
Qu’élisent dans le crible, mes doigts et mes pensées.
Je réduis la voilure,
Du moins en apparence,
Je pousse la gageure
Entre rire et silence.
Dictionnaire de rêves, un chat les yeux mi-clos,
Au bout de mon stylo, miaule au Cap de la Hève.
J’entrecroise sans trêve
Les mondes vrais et faux,
Le fruit interdit d’Ève,
Hyacinthes sous la faux.
Dictionnaire où j’appelle les belles citations,
Ainsi faisait Montaigne, « le badin de la farce »,
C’était bonne distance, fausse naïveté.
Il « pillotait » les fleurs de l’imagination.
Je finis là ma geste,
Laissant à mon lecteur,
L‘ajout d’un petit zeste
D’un article enjôleur.
X/XI/MMXX
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LA NUIT BLANCHE
La Nuit blanche c’est comme une poussière qui achève bien les stylos
La Nuit blanche c’est comme un visage en deuil de noir et de blanc
La Nuit blanche c’est le petit veau étoilé qui perce la poche sanglante de sa mère
La Nuit blanche c’est l’énergie qui oscille entre brillance et matité
La Nuit blanche c’est le révolver d’acacia
La Nuit blanche c’est le bonheur du silence tiré à quatre épingles
La Nuit blanche c’est l’œuf cosmique qui sort de la lagune de Tenochtitlán
La Nuit blanche c’est le lin et le lien de tous les travailleurs de la vingt-cinquième heure
La Nuit blanche se promène sur le dos des yacks noirs
La Nuit blanche jette son voile et ses graviers volcaniques
La Nuit blanche c’est le sel et le lait et l’hésitation du stylo sur la page de craie et de cendres

dorio 30/08/2020