Depuis le temps qu’on les écrit Jour après jour et chaque nuit C’est comme une douce habitude Les lignes s’enchaînent ou s’arrêtent Des fois ça peut durer deux jours C’est comme une lettre d’amour Avec des vers formant l’épître Les mots sautent comme cabris Mais faut les passer à la forme Et à la fin recopier Avec ses douas sur le clavier On hésit’encor tant c’est balaise De nommer : le temps l’amour l’ascèse
Archives de l’étiquette : Rimbaud
PAYS PAREILS À NOS ADOLESCENCES
Je cherche des pays dans des poèmes Que personne plus ne lit Au lit la nuit durant mes belles insomnies Des pays d’albatros non ceux de Baudelaire Captifs, moqués, poètes gauches et veules Des pays où l’on navigue vers l’horizon chimérique de Jean de la Ville de Mirmont Sur un brick où Rimbaud l’Éphèbe Multiplie les prouesses linguistiques : fanum (qu’éclaire la rentrée des théories- sic), embankments (d’une Venise louche- resic), railways et tarentelles de Scarborough (j’ajoute) Je cherche des pays perdus dont nous rêvions En nos temps aventureux de partance Au beau soleil de nos adolescences
SI JE DOUTE
Si je doute Ce n’est pas de mon existence Comme l’auteur du Cogito Si je doute C’est de mes croyances Qu’il faut toujours frotter Aux ombres et aux lumières Du langage et des sens Si je doute Ce n’est pas de la méthode poétique Ce long immense et raisonné dérèglement 1 De toutes nos certitudes Si je doute 1 Arthur Rimbaud
FEUILLETS D’ÉTINCELLES
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes Des lichens de soleil et des morves d’azur Arthur Rimbaud (Le bateau ivre) Malice des mots de l’agora Comme le chat angora qui pelote La mandarine d’un mandarin Le double sens du mot hôte Ôte-toi de mon chemin Marin d’eau douce halluciné Qui sans haleur laisse les traces D’une confiture exquise aux poètes Qui ont perdu aujourd’hui leur aura Il est temps que le combat cesse Des mots de gueule et de galère Hypnos diffuse sur l’agora Ses feuillets d’étincelles toujours inachevées
L’ÉTHIQUE D’UN POÈME
Os antiguos invocavam as Musas Nós invocamo-nos a nós mesmos. Alvaro de Campos alias Fernando Pessoa Les Anciens invoquaient les Muses Nous, c’est nous-mêmes que nous invoquons. de la vie de la mort de l’esprit et du corps naissance d’un poème de Rimbaud ma Bohème un pied près de mon cœur de Baudelaire aimer à loisir au pays qui n’existe que sur la page de l’Invitation au voyage Aimer et mourir Subsumer notre mort Dans la maison où souffle L’Éthique d’un poème : les mots pour le dire le sujet et ses hétéronymes le monde qui s’imagine