UN SONNET EN FORME DE RONDE

UN SONNET EN FORME DE RONDE

Ce corps d’une idée qu’est un vers (Marcel Proust)
Un vers où s’inscrit un sujet
C’est le sujet de ce sonnet
Un corps dans la chair du langage

Parole et corporéité
Vers à vers sondant ma pensée
Créant ainsi de l’inédit
Des images de coups du sort

De coups de vent De coups de mer (Victor Hugo)
Les dissonances de ces tours
Arcancielesques (dit Cendrars)

Voix sépulcrale ou badinant :
Des Djinns ou de l’Aronde babillarde
Ainsi se termine mon sonnet-ronde

À QUOI CELA SERT UNE IDÉE

 À QUOI ÇA SERT UNE IDÉE ?

À quoi ça sert une idée ?
Je n’en ai aucune idée, mais je vais y penser.
J’ai idée que ça va m’aider à savoir à quoi sert une idée.
Ça sert à phantasmer, à croire que son cerveau va produire son existence, 
cogito ergo sum.
Ça sert à cogiter, à frotter ses idées superficielles
contre ses idées profondes, 
au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.
Ça sert à s’éveiller, après l’emmêlement des rêves de la nuit,
faire cet exercice de remise en forme, en langue française,
par à-coups, progression compliquée,
tâcher d’y voir un peu plus clair.
Une idée ça sert si c’est difficilement qu’elle accouche,
ça sert si c’est par jeu qu’elle se couche sur le papier,
une idée qui profite d’un accident heureux,
d’une pensée divergente, d’un hasard objectif.
Cette idée de soi-même comme un autre,
cherchant et trébuchant,
l’esprit ouvert ou la porte close :

"Est-ce un rêve ? Est-ce une farce ?
À quoi jouons-nous ici ?
Ici où tant de comparses
Dansent trois tours puis merci."

Liliane Wouters (1930-2016)