TROIS NOUVEAUX TEXTES ÉCRITS COUCHÉ

LONGTEMPS JE ME SUIS COUCHÉ

Je me souviens qu’un jour j’écrivis Longtemps je me suis couché de bonne heure. Jamais je n’aurais imaginé que ça allait devenir l’incipit le plus célèbre de la littérature française. Je peux témoigner que j’ai cherché bien d’autre phrases premières, de celles qui accrochent ou non le lecteur. Et d’ailleurs, les manuscrits déposés à la BNF en attestent, je la trouvais si banale et proche du degré zéro de l’écriture, que je l’ai souvent barrée, biffée, exécrée. Mais bon, un jour pressé par l’éditeur, j’ai remis ainsi mon manuscrit. J’avais perdu assez de temps et j’avais hâte de confronter mes lecteurs à la présence d’un narrateur qui s’éveillant au milieu de la nuit, ignore où il se trouve et ne sait même plus au premier abord qui il est.

EXERCICES

Sans exercices il n’est nul art. Exercices quotidiens s’entend et de tout type et en tous lieux. Jeux d’enfants dans Broadway, entrées de clowns à l’asile, vouvoiement à quelqu’un que l’on tutoie (et vice versa), exercices d’attrapages de mouches sur les vaches sacrées, de tutage de grillon que l’on apporte dans le fournil du boulanger, et des grenouilles de l’étang que l’on leurre avec un chiffon cédé par Monnet, invention d’une langue commune aux Babéleux, etc

Sans exercices il n’est nul art mais l’art n’est pas exercice.

PAPIERS D’IDENTITÉ

Étrangeté jamais démentie, relire ses « papiers d’identité », ses multiples carnets d’instants rapportés plus d’un demi-siècle durant, de dessins à la plume ou au pinceau, de pincées de poèmes inachevés (ils le sont tous). Milliers de pages de tout format, de toute forme essayée. Blablas, babels, exercices sans style, mais au stylo sur ce papier qui parfois est devenu muet et d’autrefois continue étrangement « à nous parler ».

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

SUR LE FLEUVE DE L’OUBLI ET DES RÉMINISCENCES JE PARCOURS MES IDENTITÉS





Si par une nuit d’hiver, nous promenant dans nos paradis sans paradis,

nous donnons le change sur le luth désaccordé de notre étoile morte.

En naviguant jusqu’à la fin, sur le fleuve de l’oubli et des réminiscences.





Aux voyelles passées à l’as

Des enfants perdus des banlieues

Enfermés dans leur drôl’ de sas

Je laisse cette craie des murs

De la Sorbonne et de Jussieu





En cet hiver deux mille vingt

Je JJ Dorio ci-gît

Aile arrachée pigeon berzingue

Picorant mes pages d’argile

Sur les maux de la société





Je par ci Je par là Je co

Gite Je suis René Descartes

Je m’enflamme Je mets le feu

Aux fausses lettres et au paraître

En proclamant Je est un autre





Je m’appelle Einstein on the beach

Je suis la chaise de Justice

Le coquillage millénaire

Dans l’oreille des poésies

Breton Soupault Bois et Charbon





Je suis le poème rêvé

Et la main en chair et en os

Qui l’engendra sur le papier

Et sur la peau du monde mort

Qui renaît sur un coup de dés





Je suis Nostalgie du présent

Scansion rythme événements

Mis à l’écart Mis en abyme

Je parcours mes identités

Lisez les recueils de poèmes présents
à Encres Vives
pour 6,10 euros
(franco de port)