SE RÉINVENTER

SE RÉINVENTER  C’est quand vous voulez, quand vous en avez assez de brasser le vent des feuilles mortes de votre « époque » et que vous ressentez, à l’inverse, le besoin de vous replonger un instant dans les alizés spirituels qui passent sur les phrases impossibles à lire sans un long, immense et raisonné, dérèglement de tous les sens. C’est quand vous désirez entrer dans un monde où vos souvenirs se mêlent, telles « ces fissures, failles, bigarrures de coloration qui dans certaines roches révèlent des différences d’origine, d’âge, de formation. » C’est quand vous voulez amies lectrices, amis lecteurs, lisant et écrivant, associant et dissociant vos « idées », sans bouger ou en marchant, en silence ou faisant passer le texte en voix, entrant grâce aux pouvoirs d’un livre au pays de l’imagination mémorisée, vous perdant dans ses pages, corps et âme, pour avoir une chance de vous réinventer.

Avec Ortega y Gasset, Rimbaud et Proust.

J’AIME LES MOTS

Les mots il suffit qu’on les aime
Pour écrire un poème

Raymond Queneau


J’aime les mots sauvages
(et les sauvageons)

J’aime les mots fougères
(fou j’erre en eux)

J’aime les mots légers
(les geais buissonniers
à la tête bleue)

J’aime les mots sans têtes
(comme les alouettes)

J’aime les mots mutins
(et badins)

J’aime les mots sereins
(et leurs larmes de lune)

J’aime les mots de hasard
(cous d’oies ou coups de dés)

J’aime les mots secrets
(qui se créent la nuit
En silence)

J’aime les mots
Qui nous inventent

j’aime les mots (par une voix inconnue)