LECTOR IN PARAÏSO

C’est toi qui le liras…le relieras au dévoreur de livres…doigt et lèvres marqués du sang noir de l’imprimeur…

Ou bien tu seras ce lecteur en alerte… à l’affût…qui ne sachant pas d’où va venir le gibier… s’efforce d’instaurer une patiente d’alchimiste… points en suspens…et contrepoints des arrêts sur images…

Lecteur boulimique et retenu…le doigt suivant la ligne… puis les yeux fermés prolongeant la rumeur du monde des signes…le cœur au ralenti…ou saisi d’une frénésie sauvage…

Tu poursuis le rêve insensé d’échanger avec ton LECTOR IN PARAÏSO quelque sortilège verbal…de le multiplier (sic) en nos voix communes et singulières

En des textes labyrinthiques cherchant l’au-delà de jours fracassés par l’actualité

Si par une nuit d’octobre lire c’est aller à la rencontre d’une chose qui va exister

LECTOR IN PARAISO Encres Vives collection Encres blanches n° 155 juin 2004

Réécriture 8 octobre 2025

LECTOR IN PARAÏSO le photographe a mangé le LECTOR

INACHÈVEMENT

Cette façon qu’a la vie de ne pas finir ses phrases. Claude Roy

Je vous donne le monde afin d’y voir plus clair

L’odeur du chèvrefeuille le moineau  qui pépie trois notes de Messiaen

J’essaie de relier ce qui est séparé

Entre deux draps de lin le langage intérieur qui a maille à partir avec l’inconscient

L’esquisse le fragment un souvenir d’enfance où l’on joue pour de vrai à pauvre petit chat

Et puis soudain l’auteur du poème en train de s’écrire perd de sa béatitude

Il sait il ne sait plus comment boucler ce chant

Il le donne au lecteur qui fera mouvement

Saura t’il conjurer cet inachèvement ?

UN LECTEUR ÉCRIVANT

(ce n’est qu’un brouillon qui vient d’être improvisé)

Il lit un livre nouveau et de temps en temps en passe à l’écriture pour garnir ses propres pages

par exemple en prélevant une petite cellule du texte (roman, essai, poème) qu’il utilise comme bouillon de culture de sa propre écriture

comme on dit chez Michel que sais-je? qui suis-je? sont deux questions qui l’occupent des nuits entières mais qui restent en suspens

en effet quand il essaie plume à la main d’oser leur donner quelques éléments de réponse il attire chemin faisant beaucoup d’épines dans ses pieds

et cependant même s’il écrit comme un pied il a l’audace de poursuivre son chemin couci couça cahin-caha

(non il n’a pas écrit à sauts et à gambades)

UN VOYAGE EN HIVER

Maintenant pour alimenter mon conte qui n’en finit pas de commencer je reprends comme on fait reprendre un feu réticent quelques débuts d’aventures écrites en italien par un écrivain majeur du siècle XX.

Soit comme ils viennent dans cette édition à couverture verte achetée à la Tour de Babel la librairie italienne rue du roi de Sicile ( métro Saint Paul) : l’avventura di un soldato, l’avventurra di un bandito, …una bagnante, un impie gâté, libre traduction de mon ordinateur fâché avec l’italien, c’est impiegato qu’il faut lire, puis toujours dans la langue de Calvino, un fotagrafo, un viaggiatore, un lettore, un miope, una moglie, due esposi, un poeta, un sciatore, un automilista.
Ce qui donne en français dans le texte et par ordre alphabétique, les aventures d’un automobiliste, une baigneuse, un bandit, deux époux, un employé, une épouse, un lecteur, un myope, un photographe, un poète (vos papiers), un skieur, un soldat, un voyageur.

Si par une après-midi d’hiver mon voyage de janvier s’est terminé hier par un vol éclair d’une heure quarante entre Londres Heathrow et Marseille Marignane. Nous avons vu toutes les Alpes sous la neige, le mont Ventoux, la Sainte Victoire, et viré de bord sur l’antique Phocée.
Le chapitre était fini A. lut rapidement les premières lignes du suivant qu’il jugea étonnamment alléchantes…(l’aventure d’un lecteur)

Paris 16 janvier Martigues 24 janvier 2024

A. non era pero un lettore affrettato, famelico. Era arrivato all’eta in cui le seconde o le terze o le quarte letture danno piu piacere che le prime. Eppure aveva ancora molti continente da scoprire.

(on demande un traducteur ou une traductrice)