CENTON & MISCELLANÉES 51 à 55

CENTON Pièce faite de fragments d’étoffes rapiécés, si l’on veut. Ou bien l’étoffe se transforme en textes divers puisés dans nos livres et que l’on « colle » l’un après l’autre. Des ajoutages lit-on dans les notes accompagnant les paragraphes mis bout à bout, d’une œuvre qui n’en finit pas d’être rafistolée. Ou bien des miscellanées, du latin « miscellanea » : choses mêlées.

J’invite lectrices et lecteurs au gré de leurs lectures d’apporter à leur tour leurs petites pièces, leurs petits bouquets de citations.

JJ Dorio auteur du blog Poésie mode d’emploi

les citations, greffes capricieuses en apparence, impriment une magnifique éloquence au discours : les citations résidus culturels, s’incorporent de façon prodigieuse dans la structure car, au lieu de s’ajouter tranquillement au reste du texte, elles font en sorte que tous les deux s’entrechoquent, prennent une puissance imprévue et se transforment en un nouveau chapitre du livre.

Enrique Vila-Matas Paris no se acaba nunca Paris ne finit jamais

51

La poésie met le langage en état d’émergence.
La vie s’y désigne par sa vivacité.

52

Le mot OISEAU : il contient toutes les voyelles. Très bien, j’approuve.
Mais à la place de l’s, comme seule consonne, j’aurais préféré l’l de l’aile : OILEAU,
ou le v du bréchet, le v des ailés déployées, le v d’avis : OIVEAU.


53

Comme un couteau dans un fruit
Amène un glissant ravage
La mélodie au doux bruit
Fend le cœur et le partage
Et tendrement le détruit.


54

Ainsi se dessine l’utopie, la visée de ce blog intitulé,
un peu par provocation, un peu par dérision,
poésie mode d’emploi.
Ni modèle d’écriture toujours en mouvement,
ni, encore moins, modèle de vie,
mais, sans se bercer d’illusions,
incitation aux « extensions du domaine du don »,
sur les sentiers solitaires et solidaires
de la création.


55

Je veux rendre grâce au divin
Labyrinthe des effets et des causes
Pour la diversité des créatures
Qui composent le singulier univers
Pour Verlaine innocent comme les oiseaux
Pour le fait que le poème est inépuisable
Qu’il se confond avec la source des créations
Qu’il ne parviendra jamais au dernier vers.


51 Gaston Bachelard (27 juin 1884-30 avril 1962) 52 Francis Ponge (27 mars 1899-6 août 1983)
53 Anna de Noailles (15 novembre 1876-30 avril 1933) 54 Jean Jacques Dorio (24 mars 1945- ) 55 Jorge Luis Borges (24 août 1899-14 juin 1986)