LES POÈMES QUE L’ON RÉCITAIT À L’ÉCOLE PRIMAIRE

FIGURES QUI BOUGENT (encore) UN PEU, c’est le beau titre d’un recueil de poèmes de James Sacré, né à Cougou (Vendée) en 1939, dit la notice. Il reste dans l’obscurité de nos contemporains lecteurs, qui en suivant, hélas, le tapage des industriels du livre relayés par leurs plumitifs, ne savent pas qu’il se publie encore des centaines de livres de poésie, bon an, mal an. La Figure 10 évoque les poèmes un peu mièvre qu’on récitait à l’école primaire… Et cependant dans la neige qui tombe il y a toujours le thème de l’oiseau mort. Ça devait être une récitation de François Coppée ajoute Sacré. Moi, dont le nom est encore plus méconnu dans la galaxie noire de la poésie contemporaine, je me souviens alors, du sujet d’une « composition française »donnée au cours complémentaire de Montesquieu Volvestre. Je devais développer la phrase suivante : les sveltes peupliers qui se mirent dans l’eau. Ce n’est que cette nuit, un demi-siècle après, que j’en compte les douze pieds, comme nous disions alors. On ne m’avait pas dit que c’était un alexandrin de ce satané François Coppée. Merci Sacré !

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

JE N’AI JAMAIS VU PHÈDRE

Je n’ai jamais vu Phèdre




Je n’ai jamais vu Phèdre de Jean Racine mais j’en ai lu les 1654 alexandrins

Je n’ai jamais dit Crénom de dieu mais je l’écris ce soir et j’ajoute de mémoire :

Ceux qui disent Cré Nom, ceux qui disent macache…écrit par cet ado insolent

qui visait ainsi les Soldats…débris d’empire…retraités (sic)

Je n’ai jamais au grand jamais mis un képi sur ma caboche

Mais j’ai souvent donné Quartier libre à mes petits collégiens

Qui laissant le képi dans la cage laissaient un oiseau des îles gazouiller sur leur tête

Je n’ai jamais bu une absinthe au Moulin de la Galette avec Amedeo Modigliani,

mais j’ai souvent vu affiché la reproduction de son Grand nu

dans les turnes des copains de fac de Toulouse

Je n’ai jamais eu de petit âne gris ni d’étable pleine de brebis et d’agneaux,

mais j’ai souvent chanté m’accompagnant sur ma guitare cette histoire qu’on m’a racontée

Je n’ai jamais été capable de faire un travail au crochet, mais ma mère si,

Elle y excellait et me fit un béret mauve et une pièce patchwork bariolée

Je n’ai jamais croisé le fer avec un représentant du Roi ou de Dieu mais le faire ne m’aurait pas déplu

Je n’ai jamais…





Avec Racine, Rimbaud, Prévert, Modigliani, Hugues Auffray…et ma maman.

CE SONT DES CAGES SANS OISEAUX

une page
de glyphes
et d’un texte
qu’il ne faut pas prendre
pour caractères sacrés

CE SONT DES CAGES SANS OISEAUX





Ce sont

des cages

sans oiseaux

les formes

parfaites

du vide

des vaisseaux

 démâtés

des lanternes

qui dansent

au bout

des cornes

des vaches de nos

Odyssées





Ce sont

des glyphes

qu’il ne faut pas

prendre pour

caractères sacrés

ON N’ÉCRIT PAS SANS Y LAISSER DES PLUMES

manuscrit extrait
Astoria dans le quartier du Queens New York
14 05 2018




On n’écrit pas sans y laisser

des plumes





Plumes d’écolier

plumes gauloises

ou sergent major

que l’on mouillait

sur son poignet

avant de suivre la ligne

des pleins et des déliés





Lundi 14 mai 2018

Morale :

il faut s’appliquer et persévérer.





On n’écrit pas sans y laisser ses plumes

de jeune oiseau piailleur

puis de vieil oiseau gouailleur

emmêlé à la fable du monde





On n’écrit pas sans ses rêves d’enfant

oiseau de vie « oiseau secret qui nous picore »*

oiseau de mort qui disparaît avec nos corps









*Supervielle