JE SUIS JE NE SUIS PAS

Je suis par hasard né Dorio
Et non Tardieu (Jean) ou Marx (Harpo)

Je ne suis pas le veuf le ténébreux l’inconsolé
(mais tout de même un peu)

Je suis cet obstiné qui s’invente
Mille et une identités
Parce que chaque fois qu’une apparaît
Il s’écrit : Sacrebleu mais ça ce n’est pas moué !

Je ne suis pas sur la photo des déportés du Camp des Milles
Mais j’aurais aimé être celui qui a dessiné un cœur percé d’une flèche
Avec trois mots à l’intérieur :
La Liberté La vie La Paix

OBSTINÉ ENTÊTÉ EN VERS ET CONTRE TOUS

Obstiné entêté en vers et contre tous
Un bel alexandrin qu’ici j’immobilise
Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne (Mallarmé)

Obstiné ? Pas du tout Envers et contre tout
C’est faire et laisser dire Faire ces quelques lignes
Complètement gratuites au milieu de la nuit

Degré zéro de l’écriture comme dit l’autre (Barthes)
Une manière de capitulation (diérèse)
Comme quand on est malade cloué au lit

Mallarmé (encor lui) fait de son écriture
Cette ancienne et jalouse et très vague pratique
Le vierge le vivace et le bel aujourd’hui


On ne saurait mieux dire 

OBSTINÉ

 


 
OBSTINÉ
 
 
Obstiné ? Obstiné ! Rigoureux ? Si on veut.
Plutôt dans le couple en tension, passion des mots et, après coup, essai de précision.
 
Obstiné. Dans le va-et-vient des rencontres qui remettent tout en question,
les conteurs à zéro.
 
 Obstiné. Dans ces inscriptions manuscrites qui couvrent mille de mes carnets,
écrits aux Halles de Paris, au marché de Cuzco, dans le métro de New York,
le tube londonien, devant un lac des Hautes Pyrénées,
dans la case de mes hôtes amérindiens,
etc
 
Obstiné. Tout ça, au fur et à mesure, ayant tendance à s’oublier.
Passage aux oubliettes, dans les impasses du labyrinthe des causes perdues.
 
 Ostinato Rigore.
Laissant la ricorée de l’âme à ceux qui n’aiment ni le fort de café,
Ni le for intérieur.
 
Le poème véritable résiste à l’indifférence comme à la louange.
Liberté sur parole : libertad bajo palabra, comme écrivait Octavio Paz.
 
 
 
(manuscrit filtre à café)
 

fond : encres de chine, acrylique, collages végétaux.
50×70 cm

titre : cien años de soledad
jj dorio