J’ÉCRIS LES YEUX FERMÉS

J’écris en silence, seul mon lit grince parfois lorsque je me penche pour prendre le verre d’eau sur ma table de chevet basse ou bien que je choisis pour consultation un livre qui semble flotter sur le sol de ma chambre : Dans le mitan du lit, la rivière est profonde. (Aux marches du Palais)

J’écris en bonne compagnie avec des disparus qui manifestent encor une vie qui pétille : Tous sont morts Le maître d’hôtel leur verse un champagne irréel Qui mousse comme un escargot (Apollinaire)

J’écris en pastichant, copiste de textes invraisemblables qu’une voix inconnue lui dicte à l’improviste, au dé botté. Aujourd’hui il faut que j’arrête, je suis trop excité et les lettres me brûlent et dansent devant mes yeux fermés. (Robert Walser)

Martigues 27 janvier 2024

PETIT GLAÇON BAUDELAIRIEN

Je commence des textes que je voudrais courts.

Mais un mot s’ajoutant à un autre (comme s’il le « chassait » parfois), une idée traversée (ou renversée) par une métaphore, une citation de rencontre…et mon texte prend l’allure d’un pastiche sans fin.

Cette nuit le glaçon qui rafraîchit mon vers est offert par maître Baudelaire (excusez du peu) :

Comme montent au ciel les soleils rajeunis

Après s’être lavés au fond des mers profondes

HUGO IX JANVIER DEUX MILLE VINGT DEUX

Ce que j’aime dans les textes anciens c’est leur nouveauté. 
 Ce que je déteste dans les textes nouveaux c’est la banalité de leurs clichés.

Rependre Hugo l’Inépuisable
Absent mais attentif Que diable !

Le rapiécer de neufs habits
Ce 9 janvier 2 mil 22

Lire Totor Signer Bibi
Pasticher l’esprit boutadeux

Passer ainsi d’un livre à l’autre
De griffonnages en gribouillis

Faire des farces sous les astres
Touiller ses crèmes et bouillies

Jouer avec ses taches d’encre
Ayant des aspects d’animaux

Faire des pieds et des dactyles
Donner au poème un style
D’improvisation -mot à mot-
Farfadet léger Lever l’ancre

Relire Hugo c’est pas pour dire
Mais ça fait pendant le Covid
Un bien fou C’est à l’écart vivre
De mille vers Rimes d’un vide
Où amusé je procrastine

Je suis au bois où l’on entend
Joyeux la flûte des Satyres
Et je fais des niches aux pédants
Parodies Pastiches Satires

Arrête-là me dit Victor
Referme à dessein mon livre

Ouvre ton cœur Prends ton essor
Enfantin, bucolique, ivre.

Italiques Victor Hugo

JE PARLE AU PAPIER DES IMAGES PLEIN LES YEUX





JE PARLE AU PAPIER
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Guillaume Apollinaire


Pastis pastiche
Ivre de nos alcools
De vers brisés
Notre eau de vie

Patchwork in progress
Travaux en cours
Pièces tissées
D’instants précieux

Je parle au papier
Des images plein les yeux
Tropes héliotropes
Soleils des nuits éveillées

Je vois beau front
Doux vis*
Visage d’un virelai

Chanson nous entraînant
En d’autres jongleries


Eustache Deschamps  (1340-1404)




après le papier je parle à l’appareil enregistreur