Comme il était difficile de serrer de près les choses ! La matière passait de la joie diffuse à une sorte de tristesse sourde. Tout durait et restait peuplé d’attente. Jean Follain Exister Je poursuis la quête Mais sans sébile La quête des poèmes lus Quand dort la ville Et que je transforme Au fur et à mesure Moderato cantabile Je poursuis la manière De faire ainsi place nette À mes pièces encombrées De trop de livres Qui vont rejoindre des cartons Comme des tombes de temples Enfouis sous le sable Je poursuis l’énigme En enclenchant la roue de Fortune Des cycles d’une vie singulière Où l’on fuit la menteuse Et cruelle illusion du bonheur 1 Je poursuis la quête De nos capacités À nous renouveler 1 George Sand
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C’ÉTAIT LE BON TEMPS DE LA VIE
Fougères d’étoiles dans la nuit des pierres Dans l’eau le sang des azalées rougit les nénuphars Sur terre je change des rubis en grappes de groseilles Tout est bon à ma jonglerie Composition à partir de poèmes brefs de Jean Orizet (1937-…) C’était le bon temps de la vie Quand pour le livre de poche jeunesse 70 poètes offraient leurs bouquets de Caprices de l’air Trésors de la terre Paysages de l’eau Mystères du feu 1 C’était, comme il n’est pas permis, des bulles de savants des rimes et des vers, Savants pour rire et pour chanter La pluie sur les galets, le vent sur les dunes, La fée électricité, l’encre sur les feuillets. C’était pour les nenfants, les nymphes et pour maman Qui d’une graine fécondée avait fait petit bout d’homme, Femme belle comme Vénus, l’étoile des bergers et des petits Jésus, Des Jeanne et des Marie et de tout ce que j’ai su À l’école où l’on m’apprit à réciter Demain dès l’aube Dame souris trotte les Effarés et les poèmes en coq à l’âne de Prévert. C’était le bon temps de la vie Quand l’on croyait au Paradis Sur terre et mer, l’air de ne pas y toucher, L’amour de la liberté, l’égalité et la fraternité. C’était trop beau pour être vrai C’était avant que la terre ne souffre ses pires calamités Que le vent souffle son CO2 Que la mer agonise Et que les enfants crient à tue-tête Assez ! Assez ! 1 Poèmes inédits choisis par Jacques Charpentreau (1928-2016)
ANCIENS POÈMES PLEINS DE TROUS
Je relis mes anciens poèmes Ils sont pleins de trous On dirait qu’ils ont été écrits Par quelqu’un d’autre Un joueur un jongleur D’un monde qui maintenant Est « de la revue » Un peu comme un cheval de trait Tombé sur la chaussée Qui fait peine à voir Et qu’aucun charretier N'est en mesure de relever
POÈMES leurs voix éclaboussées sur la mousse des murs
Poèmes ? Rien de plus simple et de plus difficile À condition de les porter toute une vie Loin de la foule des bravos et des grigris Poèmes ? Un peu de soi Beaucoup des autres Qui les ont donnés à lire Depuis belle lurette Échos perdus dans la rumeur du monde Voix éclaboussées sur la mousse des murs* Poème ? Parlant au papier Son fil s’est dévidé Il a fait cette page Entre onze heures et minuit *Pierre Reverdy
MON PETIT MÉTIER

Art d'écrire. J'ai écrit des centaines de poèmes presque sans ratures. J'en ai gardé quelques-uns, j'ai brûlé les autres. Et voilà tout mon pauvre métier. Pierre Reverdy (Le livre de mon bord)
J’écris sans ratures
la Plupart du temps
-ce titre blason de Pierre
Reverdy-
dans le calme des nuits
Autant de pierres blanches
Que j’échange en chemin
Avec je-ne-sais-qui
Qui lit je-ne-sais-quoi
Seul.e un.e ami.e
parfois
Me rend la monnaie
de la pièce
Au centuple
Voilà une à une
ces lignes qui
à peine le temps d’y penser
sont au cœur
de mon petit métier
