Le mode s’écrabouille, se trucide, se déchire et toi tu continues, ignoré de Balzac et des lecteurs futiles, à produire tes vers de mirliton, faisant tourner à qui mieux mieux ta toton, toupie d’un rituel d’oubli des sinistres réalités.
Oui, mais, aussi, cependant, travailler la métaphore vive, ne pas admettre sa perte, persister dans ce chant baroque des piétinements, basse continue et oxymorons, au grand dam des écrabouilleurs en tout genre, des trucideurs, des faiseurs de guerres infâmes,
Coeur d’amour épris, écrit Matisse fatigué, finissant, en découpant ses papiers de couleur, oiseaux du jazz, signes en verve, manière pour quelques secondes précieuses de réparer les maux du monde, et d’en éloigner jusqu’au bout, les amoureux fervents et les savants austères.
C’est la première fois que j’écris sur un filtre à café brun marron Ça m’oblige à faire des lignes courbes et d’imaginer des mots à la place des grains de café réduits en poudre : Et nous les os devenons cendre et poudre. François Villon. Recopier des vers anciens que j’ai en tête et qui viennent au hasard de mes rêveries, m’irriguer de leurs sens toujours renouvelés. La main écrit, s’arrête, reprend, parle, se tait,se répète, file la métaphore, nous conduit au-delà de ce que nous sommes et nous ne sommes pas. Labyrinthe, parcours labyrinthique,à tâtons, j’avance et je me heurte, j’interprète, je me trompeou je réussis, le bel hasard me guide, ou me trahit. Traité des Tropes de Du Marsais, pour y voir plus clair ou trébucher – tropezar – dit-on en Espagne. Le tout est de se relever. Relever ses filets de voixet de manières de dire. Arborescences, buissonnements,puis, ce rameau d’arbre effeuillé l’hiver, par la mort de sa compagne,et qui par l’opération de l’Écritdevient cristallisation chère à l’amour stendhalien.
Sans Prétention manuscrit sur papier filtre à caféfond « mola » tissée don de Michel Perrin ethnologue :Tableaux Kuna (Arthaud)