COMPOSTELLE





Je n’ai pas fait le chemin de Compostelle

Avec un solide gourdin pour éloigner les chiens.





Je n’ai pas été jongleur, marionnettiste,

Encore moins dompteur de puces ou artiste.





Je n’ai pas fait mes classes de conscrit

Ni joué de l’orgue de Barbarie.





Je n’ai pas connu le zouave du pont de l’Alma

Ni fait le compte de mes joies et de mes peines

Sous le pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire.





Je n’ai pas fauché le vent

Comme le jardinier des Misérables.





Je n’ai pas planté mes choux dans « mon jardin imparfait,

nonchalant d’Elle » : la mort, la mort, toujours recommencée.





Je n’ai pas écrit de sonnets pour Cassandre,

Ni de recueils de vers pour « les oreilles d’Amarante. »





Je n’ai pas écrit Paroles ni Les Amours jaunes

Mais cette litanie,

Oui.





Montaigne pour son « jardin imparfait »,

Pierre de Marbœuf pour « Les oreilles d’Amarante »

et quelques autres faiseurs de rimes et de proses.

UNE PIROGUE DES PONTS ET DU JAZZ

UN DICTIONNAIRE À PART MOI
EN DÉSORDRE ALPHABÉTIQUE






DIPLÔME

Je me souviens qu’il a fallu que je m’y prenne à deux fois pour obtenir les épreuves pratiques du professorat d’enseignement général des collèges. La première j’avais choisi le sonnet des Aveugles de Baudelaire : Contemple-les mon âme ils sont vraiment affreux et pour la seconde ce texte glaçant de La Bruyère : l’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne…Finalement j’aurais pu faire un mixte des deux, mais je crois que je serais à attendre encore l’obtention de mon diplôme.

NORMALOS JAZZ

Je me souviens de notre formation musicale les normalos jazz ; j’étais aux drums, réduits à une caisse claire, grosse caisse boum boum et cymbale, mon copain D. au saxo, De N. à la guitare d’accompagnement et j’ai oublié les noms du guitariste solo et du pianiste.

PIROGUE

Taillée dans un tronc d’arbre deux indiens « panarés » à la rame, elle vint nous chercher de l’autre côté de la rivière Túriba, pour nous amener à leur lieu de vie, une case commune la churuata, une aire en surplomb de la rivière et derrière ils avaient leur petit conuco, jardin de bananes plantin, de yuca, (manioc) et autres fruits que je n’ai plus en tête.

Je ne me souviens plus qui était mon compagnon d’Odyssée ce jour-là, mais cette traversée unique est devenue un mythe qui me poursuivra, jusqu’à ma dernière passe, vers le fleuve de l’oubli.

PONTS

Du modeste pont de mon village qui enjambe la rivière Arize et aboutit à la chapelle du Bout du Pont, au pont de Brooklyn franchissant l’East River, c’est d’un même pas que je les ai enjambés. L’un, à pied, en vélo, en auto, l’autre en m’arrêtant souvent pour observer, photographier, méditer, écrire « sur le motif ».