SUR LE CHEMIN DE LONGUE ÉTUDE









avec Christine de Pizan et Raphaëlle Décloître





Ne vous privez pas du plaisir d’écrire des pages d’un seul tenant où plusieurs phrases s’enchaînent pour mieux délier votre imagination et où il faut attendre le dernier mot pour voir le point final et encore on peut par trois points laisser le lecteur imaginer qu’après tout ce bataclan la page se termine dans l’inachèvement qu’une lectrice inspirée va reprendre ailleurs sur une feuille blanche ou quadrillée faisant de son stylo le porteur de fantaisie ludique qui certes n’est pas donnée sans ce travail acharné sur le papier ou dans sa tête qui écoute le corps parler se plaindre ou rebiquer en ce Chemin de longue étude parcouru par cette première grande dame qui de lectrice universelle fait son miel poétique politique nous incitant nous tous et toutes qui sommes au bas de la Roue de Fortune de lui donner l’impulsion nécessaire pour la remettre en mouvement ce mouvement scriptural qui nous met en état ne serait-ce que le temps de son élaboration de pallier au désordre ambiant…





Christine de Pizan Chemin de longue estude (vers 1402)

Rapahaëlle Decloître Conquérir l’ordre du monde par le savoir dans le Chemin de longue estude…(Université de Laval) 2021 vient de paraître ouvrage collectif « Désordres Modernes » Editions Hermann

COMME SI COMME ÇA fantômes de papier sur le chemin des indiens morts





Comme si comme ça

Sur le chemin des indiens morts*

Je cherche toujours mon Eurydice

Faisant le tour des jours et des nuits

En quatre-vingt mondes

Mais comme mes pas perdus

les pages de ma bibliothèque universelle

sont décousues





Il y nage un bestiaire peu commun

Dont ce matin les axolotls

Aux yeux d’or et au petit visage aztèque





Il en sort des personnages

réduits à « l’insubstance »

des fantômes de papier

Comme ce faux Perec

montant son livre d’une vie

sans mode d’emploi





 C’est un monteur d’images  faisant son cinéma

qui m’a suggéré ce dernier trait

Comme ça comme si

Son nom est Personne

Ou bien Monsieur Souci





*Michel Perrin (sur les mythes des indiens Goajiro)

Les axolotls m’ont été « donné » par Julio Cortázar

cette nuit le premier jet était brouillon

COMPOSTELLE





Je n’ai pas fait le chemin de Compostelle

Avec un solide gourdin pour éloigner les chiens.





Je n’ai pas été jongleur, marionnettiste,

Encore moins dompteur de puces ou artiste.





Je n’ai pas fait mes classes de conscrit

Ni joué de l’orgue de Barbarie.





Je n’ai pas connu le zouave du pont de l’Alma

Ni fait le compte de mes joies et de mes peines

Sous le pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire.





Je n’ai pas fauché le vent

Comme le jardinier des Misérables.





Je n’ai pas planté mes choux dans « mon jardin imparfait,

nonchalant d’Elle » : la mort, la mort, toujours recommencée.





Je n’ai pas écrit de sonnets pour Cassandre,

Ni de recueils de vers pour « les oreilles d’Amarante. »





Je n’ai pas écrit Paroles ni Les Amours jaunes

Mais cette litanie,

Oui.





Montaigne pour son « jardin imparfait »,

Pierre de Marbœuf pour « Les oreilles d’Amarante »

et quelques autres faiseurs de rimes et de proses.

LA PREMIÈRE LIGNE





La première ligne

Nous ouvre un nouveau sentier

Elle est fortuite inattendue





C’est un pas dans la cendre

De nos déserts de nuit

Ou bien le premier rai du soleil

Qui fait lever l’aurore





Une poussée de glyphes

d’un calligraphe, en attente

de la direction,

que va lui indiquer le chemin :





Caminante no hay camino

se hace camino al andar.

Antonio Machado

une poussée de glyphes
Dorio 18/11/2020

la première ligne

TOUT UN POÈME





J’aime la simplicité des relations humaines

et la complexité pour soi

qui cherche 





Que sais-Je ? interrogeait Montaigne

J’ajoute et ne corrige pas

 

J’ajoute

Je ne rature pas





 Certitude du matin devient incertitude du soir

et dans la nuit – souvent – j’y vois plus clair





Caminante no hay camino el camino se hace al andar*

Ce petit chemin qui n’existe qu’en le faisant

Tout un poème !





*Antonio Machado

« Le seul chemin qui vaille c’est celui que l’on découvre en marchant » JJD