Ne jamais essayer d’arranger les choses.
Les choses et les poèmes sont inconciliables.
F.P.
À vingt ans beaucoup de Ô ! ( à l’ancienne)
passaient encor sous ses ponts
Mais déjà un glossaire y serrait son Littré
une promenade iconoclaste
dans la serre des mots
Après la mort du père la promesse du fils
d’un même arbre contre le tronc
« Le parti pris des choses »
pouvait se décliner :
le rideau le réseau de la pluie
gouttes d’un grain de blé
d’un pois presque d’une bille
le cageot entre la cage et le cachot
mais dont il convenait de s’évader
si l’on voulait vraiment célébrer
l’utilité de cette caissette
tel un proème qui ne sert qu’une fois
l’huître opiniâtre blanchâtre
petite forme engloutie avec son firmament
le papillon erratique allumette
et tout le bataclan :
une ménagerie d’objets successifs
dont le maître fit bon ménage
remuant en tous sens
leur substance leurs aspects
se gardant bien de manifester
un quelconque ronron poétique :
son horreur !
!
Cependant il faut lire jusqu’au bout
et quand c’est longuement
le poisson plat soudain baigne dans un soleil
se levant sur la littérature
On croît rêver !
Mais non c’est bien Horus
ce faucon ailé qui traverse la page
en changeant le sexe solaire
pour la plus grande joie
de l’Eros bien encré du scripteur
Apaisé vers la fin « Francis Ponge »
– puisqu’il faut l’appeler par son nom –
se laisse enfin aller et feint de rendre ses armes
pour gésir dans un pré
interminablement
Il range alors ses caractères
dans ce bas-de-casse
– Ô traces humaines à bout de bras !
Ô sons originaux! –
avec pour ultimes témoins
le Fenouil et la Prêle : ses initiales !
Croissant avec l’ardeur d’un clavecin de Bach
Quoi qu’il en soit !
*
suite épistolaire :
« une lettre qui n’en est pas une dans une prose qui n’est pas sans aspérités,
puisque toute pleine des choses, engrossée par elles, mais remplie de saveur. »
André Bellatorre