MICHEL COSEM, une école

Juste cette rencontre 
à la frontière de l'arbre
simple racine où passe le ciel
terres rouges et blanches mélangées
couleur d'éveil et cœur de passion

Michel Cosem

Une hirondelle trace son avenir d'un coup d'aile
Nous avançons sans savoir ni le sud ni le nord
À coup de cris et de silences de gestes irréfléchis
Nous sillonnons dans le désordre nos absences
Le bleu immense et les terres asséchées

Où donc est la source et l'arbre en fleurs
Où la frontière entre le sens et la forme
Des signes gravés au fond des jarres oubliées
Une histoire qui nous ressemble
Pleurant longtemps côte à côte
La mort d'un poète

Danielle Nabonne
en hommage à Michel Cosem (28 mai 1939-10 juin 2023)
le titre et la citation sont de JJ Dorio

EL ENCUENTRO : LA RENCONTRE

JE SUIS VENU AUX MARTIGUES rejoindre une femme, qui devait devenir mon épouse, qui y exerçait le beau métier d’institutrice, un mot stupidement remplacé par « professeur/professeure des écoles ».

Nous nous rencontrâmes par le plus extraordinaires des hasards au cours d’un voyage à Cuba organisé par l’École et la Nation, la revue du parti communiste français traitant des affaires de l’enseignement.

« Tu fumais un havane par jour, me dit celle que je surnommais alors Chinita ou Cara linda avec qui j’évoque ces moments précieux, exalté, parlant sans cesse, devenant dès le deuxième jour le traducteur du groupe (j’avais passé en effet 2 ans au Venezuela un parler proche du cubain, et le traducteur pressenti s’était effacé sportivement), tu étais mon petit barbudo toi aussi, avec, entre parenthèse, un maillot au blanc douteux. »

Et à quel moment pour nous deux ça s’était décidé ? Une nuit de demi-lune sur une petite crique de Jibacoa, à 70 km à l’est de La Havane.

Ah vastedad de pinos, rumor de olas quebrándose/ lento juego de luces, campana solitaria/ crepúsculo cayendo en tus ojos, muñeca/ caracola terrestre, en ti la tierra canta !

Pablo Neruda (20 poemas de amor y una canción desesperada)

Ah les grands bois de pins, la rumeur des vagues se brisant/ le jeu lent des lumières, la cloche qui sonne sans raison/ et le crépuscule qui tombe en tes yeux simulant ceux des poupées/  terrestre rotation en toi chantait la terre !

(ma libre traduction)

ce texte fait suite à celui d’hier : Le quotidien et le disparate