CAHIER D’OREILLER

102   UNE PAGE -Ce n’est pas aujourd’hui que tu finiras cette page me dit l’Un. – Finir de la lire, peut-être pas, mais en commencer une, en vis-à-vis, oui. Le corps étendu, j’ai sous mes yeux « Notes de chevet », Makura no sôshi, fragments écrits vers l’an mille (« quand les cathédrales étaient blanches » !) par Sei Shônagon, une sublime dame qui écrivait en secret dans une pièce du palais de l’Empereur du Japon.  Cahier d’oreiller, je préfère ce titre. Moi aussi en cette position je collectionne les choses rares, celles qui donnent une impression de froid ou de chaleur, les choses embarrassantes, celles qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé, les choses agréables ou désagréables à voir, celles qui épuisent l’art de raconter. (la suite manque) Le livre d’une vie En mille et un fragments JJD texte en cours

TEXTES DE SURVIE

XV° TEXTE DE SURVIE selon l’ordre des nuits, mais non l’ordre des chapitres  de ce livre fantôme dont j’extrais une à une les pages invisibles.

Choses qui ne font que passer, lit-on dans les notes de chevet de Sei Shônagon, poète japonaise de la Cour impériale du XI° siècle. Comme un « plagiat anticipé », de ce cher Michel qui dans son château de Montaigne, sous les poutres ornées de sentences, « peignait le passage ».

Cette nuit ce sont, promenades en voiture, hirondelles faisant leur nid dans l’étable, jeux de marelles tracées sur la plage, pages sur papier bible tournées en mouillant le pouce ou l’index, giboulées de neige sur cette place d’Ancizan où je vécus sept ans.

Ancizan en vallée d’Aure (Hautes Pyrénées)