J’écris en m’aidant d’une corde reliée à mes origines ...toujours à venir J’écris avec le cordon qui relie les enfants d’une sortie pédagogique J’écris depuis un temps zéro Passé néant Futur inexistant J’écris sur le pont d’un navire Où peu de voyageurs écrivent le français J’écris pour une répétition générale Qui laisse la place à des variations Indiquées à tel et tel endroit Comme le fait Phil Glass sur ses partitions J’écris l’endroit et l’envers d’un décor Qui s’estompe dans la brume de mon inconscient J’écris sans faire d’histoire, de contingence, de survivance, de désir de faire briller mon étoile dans la constellation des rêveurs éveillés J’écris attentif à reprendre certains termes de vieille coutume dont le lecteur inattentif ne mesure pas toujours l’arrière plan historique J’écris malgré les plaies et les bosses, les boss qui fanfaronnent devant les peuples de la Grande Garabagne imaginés par Henri Michaux J’écris fuyant les genres littéraires et le sommeil cousu de fil blanc J’écris avec la terre et l’eau les courants en feu le naturel qui plonge le corps humain dans un apprentissage sans fin J’écris par Jupiter ! par Confucius ! par Nobles Messieurs et Gentes Dames Chers et Chères amies J’écris Tao Tao J’écris sur le temps qui n’existe pas selon le cours dicté par Norbert Elias alors qu’il entrait dans le royaume borgésien des non-voyant J’écris en refusant de me laisser prendre aux mots J’écris Arrêt en cours en perdant le mélange de toutes ces choses que je viens d’écrire J’écris pour me désencombrer l’esprit