J’AI BEAUCOUP CONNU

J’ai beaucoup connu
les rideaux de la pluie
la femme au fagot de lune
les arbres changés en statues de sel
J’ai connu la tempête de Shakespeare
jouée dans un verre d’eau
les fourmis rouges boulotant
le calendrier des postes
les dés jetés depuis le pont de Manhattan
J’ai connu les fleurs
absentes de tout bouquet
et la bâtisse d’école
où j’allais sur le dos d’un chameau
apprendre l'A.B.C.
s’il vous plaît

Martigues 1er décembre 2023

J’AI CONNU AUSSI

805  AÑORANZAS PORTEÑAS J’ai vu la pampa Non au petit trot du cheval de Jules Supervielle Mais du haut d’une avioneta qui tanguait dangereusement J’ai connu la bise du 14 juillet 1970 qui s’engouffrait dans les rues de Buenos Aires J’ai parlé le lunfardo des porteños avec une compañera rencontrée dans un bar de la rue Sierpes (le livre de Borges sur l’argot de la capitale sous les yeux) Vous pouvez en douter Vous qui me lisez dans les villes de l’Europe sans gauchos montant à cru Jurant à lasso raccourci Dans le coral de l’estancia disparue proche proche du mot saudade,(vague à l’âme, nostalgie), le mot añoranza est impossible à traduire

Le livre d’une vie Une autrebiographie En mille et un fragments JJD en cours d’écriture

VERLAINADES





Après la tempête le calme

les sanglots longs

de l’âme de Verlaine





Vers plus que lents,

Une valse mélancolique écrite

pour lâcher prise

laisser aller selon

le chant de la bonne aventure





Après la tempête

Deçà delà

Je me souviens

De la musique avant toute chose

Celle qui nous faisait planer

en regardant « le violoniste bleu »

de Marc Chagall





C’était à Nice

Où tu aimais aussi

Manger des chichis





Et puis nous avons vécu la fin de la bonne tempête

La mort quand elle vient ne fait pas de chichis

Ma belle musicienne s’est changée en statue





Il pleure dans mon cœur

L’inflexion des voix chères qui se sont tues





Italiques Paul Verlaine