PROSE DU QUOTIDIEN AU TEMPS DU CORONA





Depuis le Corona personne plus je ne côtoie

Plus de super marchés

Plus de balades sur ma plage préférée

Plus de poste où je vais peser mon courrier





Ma fille d’à côté me fournit en fruits et légumes

qui viennent de paysans de Croix Sainte

-un quartier des Martigues-

de daurades et de loups

qu’ont apporté les pêcheurs des « petits métiers »

de bonnes miches du boulanger





Ma fille de New York où frappe la pandémie

me raconte ses cours où s’affichent

ses élèves du lycée Français

le ouikend on joue ensemble au scrabble

une application qui compte les points et les secondes

micros ouverts nous devisons

de ses travaux sur les épistoliers du XVI°

de mes poèmes en construction

et j’entends toujours au moins une fois

les sirènes des pompiers de Manhattan





C’est bien d’avoir des filles

à qui l’on a donné

Alain Caillé appelle ça très justement

extensions du domaine du don





Et pour le reste alors pendant le Corona 

le reste ?





Je fais le ménage

Un peu de la maison pour la poussière

Beaucoup de mes écrits

qui comportent les manuscrits sur les cahiers

les pages en A4

les feuilles cartonnées comme celle-ci

où je trace ma prose

Et aussi

tout ce qui est en stock sur l’ordi

ne serait-ce que sur ce blog

que j’ai intitulé sans trop savoir pourquoi

poésie mode d’emploi

C’est la 15° année

que je « poste » au moins un texte nouveau par jour

Il est grand temps de trier de conserver

de composer

et de rayer des pans entiers de ma littérature





Depuis le Corona

 – non ce n’est pas fini

tout ça vient en vrac

et très mal dit

mais ce sont des choses que je fais

et que je vis-





Depuis le Corona aussi

j’ai la chance de prendre l’air

je me promène tous les après midi

et sans autorisation écrite

-mais je ne contredis en rien les consignes

pour éviter que ne se propage la bête immonde

qui tue-

je promène comme on dit ici

à deux pas de ma maison

au-dessus où y a un petit bois de pin

ses sentiers et ses senteurs

de thym et de romarin

la couleur des fleurs

de cistes et de pâquerettes

et le champ d’olivier que j’admire

et au-delà en suivant le fil de l’horizon

c’est la mer la mer toujours recommencée

la passe maritime

ses gros bateaux

qui attendent leur tour d’être chargés ou déchargés





Depuis le Corona aussi

avec les ami.e.s

on se téléphone on se maille

on whatsappe

un peu plus un peu mieux





Au fond et pour terminer

Je ne suis pas pressé d’en finir avec cette vie

une phrase je sais que l’on peut retourner en tous sens

comme ces malheureux que nos saints gens hospitaliers

s’efforcent de sauver





post scriptum





avant le Corona je vivais presque pareil

de livres des autres

d’écrits personnels

de petites ballades sur plage et sur piano

de rencontres magnétiques

avec ceux qui sont loin et proches de mon cœur

je vivais et je vis avec toi

qui n’es plus là

pour me faire rire un peu

et me délivrer de tous ces gens

qui pleurent sur leur sort

au temps du Corona


	

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