CORONA (un dictionnaire à part moi)

CORONA

Depuis le Corona personne plus je ne côtoie, plus de supermarchés, plus de balades sur ma plage préférée, plus de poste où je vais peser mon courrier. Ma fille vivant sur la colline voisine me fournit en fruits et légumes qui viennent de paysans de Croix Sainte – un quartier des Martigues –, en daurades et en loups qu’ont apportés les pêcheurs des « petits métiers », en bonnes miches du boulanger.

Ma fille de New-York où frappe la pandémie me raconte ses cours où s’affichent ses élèves du Lycée Français. Le ouikend on joue ensemble au scrabble sur une application qui compte les points et les secondes, micros ouverts nous devisons de ses travaux sur les épistoliers du XVIe, de mes poèmes en construction et j’entends toujours au moins une fois les sirènes des pompiers de Manhattan. 

C’est bien d’avoir des filles, à qui l’on a « donné », Alain Caillé appelle ça très justement : extensions du domaine du don. Et pour le reste alors pendant le Corona, le reste ?

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ET TON CLOWN COMMENT QUI VA ?





– Et ton clown comment qui va ?

– Il a attrapé le Covid, il est flagala.

– Ah ! si mauvais ça pour les galas !

– Mauvais tri mauvais, Reusement les galas sont interdits.

– Comment ça interdits ?

– Frappés d’interdiction.

– Et en attendant tu l’as mis où l’Auguste ?

– Pendu au clou ! Comme le hareng saur.

– ?

– On t’a pas appris à l’école ?

– ?

– Le hareng saur de Charles Cros, voyons !

Qui se balance au bout d’une ficelle,

Devant un grand mur blanc.

– Non c’était pas dans la liste de mes récitations.

– Tiens ton ignorance m’a donné l’idée de mon prochain spectacle.

Pour son entrée mon clown montera à l’échelle et toc toc toc

Et au bout de sa ficelle on verra se balancer

Une bouteille de Corona.





Dialogues intérieurs XII

COVID OU CORONA MOI JE LIS FANTÔMAS









Covid ou Corona le temps est à l’angoisse

Dans les bars plus un chat et dans les rues on s’masque

Opération survie moi je lis Lao Tseu

Plus on va loin moins on connaît

C’est le moment de pas bouger





Corona ou Covid je chine dans mon grenier

Mes Fantômas surgissent dans le silence

Robert le Diable allonge son ombre immense

Fantômas qui êtes aux cieux

Sauvez la poésie





Covid ou Corona moi je prends la tangente

dans les livres secrets que rien ne décourage

Je lis et fais ces vers mâchés

Par mille ans de poésie françoise

D’équerre ou de guingois





Ils passent…Nul ne les voit





citation Fantômas Ernst Moerman (1933)


	

QUENEAU NOUVEAU DOCTEUR CONTRE LE CORONA





Le roi Raymond Queneau écrivit dix sonnets

Dont chaque alexandrin fut par lui séparé

Sur quatorze languettes de papier découpé

10 puissance 14 vous zavez ka compter*





Moi je les ai classés dans ma verte chemise

Je les apprends par cœur chantant leur Oulipo

Je conseille le remède à ceux que traumatise

Le virus du covid qui leur vide la peau





Le poète inspiré c’était bon pour Homère

L’aède de l’Iliade exaltant les Héros

Les Grecs s’écrabouillaient faisant pleurer les mères





Les poètes oulipiens c’est plus terlintintin

Des dieux ils ont soupé ils préfèrent les lutins

Qui nous délivrent du mal mais non des chocs verbaux





 *Cent mille milliards de poèmes

Raymond Queneau

dimanche 03/05/2020