J’écris en catimini
J’écris à Cathy Taquité
J’écris pour lui expliquer
Que ma tactique était toc
J’écris de tics et de TOCS
J’écris en aparté
J’écris À l’Écart
dans la maison de Michel Butor
J’écris a parte
J’écris sur un papier bon public
J’écris en regardant Arte
J’écris en me souvenant des petits bonhommes de Folon
Qui ouvraient et clôturaient les programmes d’Antenne 2
J’écris comme ces drôles d’oiseaux
Portant chapeau sur la tête
J’écris d’abord dans ma tête
J’écris comme on parle au papier
J’écris de ma main gauche
(la plus gauche des deux)
J’écris Sauve qui peut
J’écris mais je ne m’enfuis pas
J’écris que je mourrai à Paris au cours d’une averse
Un jour dont déjà je me souviens
J’écris I Remember
J’écris de remembrances en remembrances
J’écris en brassant des souvenirs plus ou moins inventés
J’écris faux Narcisse et vrai…
(le mot me manque)
J’écris en état de frayage
J’écris en cherchant le chemin qui n’existe qu’en le frayant
J’écris sans routine ni brouillon
J’écris dans les parages
J’écris l’enrage (de l’écriture)
L’an rage (le mois de Mai de 68)
J’écris sur une table qui avant d’avoir été installée dans le salon
a voyagé dans un wagon parti de la Forêt Noire
J’écris sur de petits carreaux d’écolier
J’écris sur une seule face
J’écris pile poil après minuit
(sauf si je m’endors pour un premier somme autour de minuit)
J’écris en imitant mon écriture au tableau
Quand je l’enseignais au CP
J’écris à grands coups d’épées
Sur mon carnet de citations
J’écris sans mon Mont Blanc
Que m’avait offert Nadège
Et que j’ai perdu connement dans la neige
J’écris -vous l’aurez reconnu- en écoutant Nougaro (le mont blanc)
et Thelonius Monk (Round Midnight)
J’écris en lisant Cesar Vallejo
(Me moriré a Paris con aguacero)
J’écris avec Boby Lapointe (Ta Cathy t’a quitté)
J’écris avec Montaigne (comme il parlait au papier)
J’écris vivant heureux en attendant la mort
(selon le dérisoire projet de Desproges)
J’écris vie critique,
tissée d’expériences multiples
J’écris Liberté