Caute, sois prudent, reste aux abris, fais attention à tout ce qui frappe, blesse, éprouve, « tue ».
Caute, Spinoza en fit inscription sur son blason, pour lui, en effet, sa prudence était une question de vie ou de mort. Cache cet écrit que les autorités ne sauraient voir, ne lui appose pas ta signature, ne va pas dans la rue, même si tu en as fortement envie, pour arracher l’affiche délétère du tyran.
Et pour aujourd’hui, caute, (méfi !) ne te risque pas sur les réseaux qui poursuivent de leur haine les asociaux, les empêcheurs de penser en rond.
Ton refuge, c’est comme du temps de Spino, lecture-écriture, épanouissement dans les secrets des « métaphores vives », dans l’esprit qui plane au-delà de ce livre que l’on tient dans ses mains.
Caute, cajolant cet « enfant d’une nuit d’Idumée », lisant en cachette, ce lettré raffiné, absent de tous les journaux et gazettes, entouré de fenêtres ouvertes par un expressionniste abstrait, un musicien répétant ses accords minimalistes, se moquant de cet écrit qu’un ami lecteur vante exagérément, puis s’écrie : Mazette !