J’ai le goût des mots qui parfois m’entraînent dans des territoires où je me perds avec délices et orgues. Avec Alice et l’orque de la Terre de Feu.
J’ai le goût des arabesques et des chinoiseries de Tchouang Tseu dont le rêve du papillon échappe à toute logique d’un monde conçu par le seul Descartes.
J’ai le goût des cartes (en effet), celles des arcanes majeurs du Tarot de Marseille, dont j’écrivis les poèmes toute une année. Un poète pape de la Géopoétique les lut avec plaisir, pour leur « puissance de langage et d’image », mais il ne pouvait les publier « à cause de leur côté systématique (les Tarots justement) -j’aurais préféré, ajoutait-il, La Montagne des Signes 1(un de mes testes dédié à « la Papesse ») 1 sans les tarots ! » (sic).
J’ai le goût de la perte (non de la perdition). Perdue pour perdue, une vie à l’étoile filante cousue main magnétique des Constellations de Joan Miró.
J’ai le goût de ses « personnages dans la nuit guidés par la trace phosphorescente des escargots » Escargots Caracoles savourés au comptoir du plus célèbre restaurant de Barcelona
J’ai le goût des tobogans où l’on dévale et l’on avale les mots qui nous entraînent avec délices et orgues, l’orque d’Alice, les arabesques d’un papillon de Chine et les arcanes des personnages guidés par la trace phosphorescente de nos nuits magnétiques.
1 LA PAPESSE TARAHUMARA
Les tarots hument l’air de la montagne des Signes. La Papesse assise sur un siège blanc contemple la roche percée de mythes en lambeaux. Une image de la mort s’en extirpe arrachant la peau du langage et tenant sur son poing un aigle à tête d’enfant. De la montagne descendent chargés de peyotl les indiens aux manteaux brodés poinçonnés de croix de points de larmes et d’éclairs. La Papesse se lève et disparaît dans une bouffée de nuit laissant dans la brièveté du repos le corps tourmenté de la montagne.
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