PARLEZ-MOI D’AMOUR

Parlez-moi d’amour 
Même si ce n’est pas Emma Bovary
qui vous le demande
mais les chanteuses de music-hall
Lucienne Boyer ou Suzy Delair
Parlez-moi d’amour
De sa petite musique
Sur le violon de Stéphane Grapelli
ou le piano de Jean Lenoir
l'auteur-compositeur de cette immortelle chanson
Faites moi entendre cet air menuet
créé en 1924
Mais qui resta cinq ans dans un carton
parce que personne ne voulait
de cet amour dont vous savez
que dans le fond je n’en crois rien...

ROBERT DESNOS CORPS ET ESPRIT

 

Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps.

Robert Desnos

Quand je suis né Desnos mourait
Partait crevant comme un chien
Dans un camp pourri de Tchéquie
Coulé s’en allant de la tripe

Ô l’infâme clique raciste
À la tête de l’État français
Un Pétain un Laval un Brinon
Qui livra à la racaille Desnos


Robert l’ami ton corps est parti
Mais ton Esprit survit
Qui haïssait la guerre
Et qui tant aimait
Offrir aux hommes libres
Amour et Poésie

J’AI TOUJOURS FUI LES GENS AUX HUMEURS NOIRES


J’ai toujours fui les gens aux humeurs noires
Chagrins, fâcheux, mélancoliques, hagards,
Grincheux, dépités, présomptueux lézards
Qui se dorent au soleil de leurs désespoirs

Pour toi, Amour, sonnets rondeaux, ballades,
J’ai écrit j’ai chanté comme un malade
Qui fait la nique aux maladies de l’âme
Pour tes yeux lumineux, tes cheveux d’or, le rubis de ta bouche,
Pour la beauté lunaire de ton front argentin

J’ai écrit retiré du fond de la nuit brune
Lisant et écrivant sonnets des plus anciens
Changeant vers de l’Enfer en poèmes bon teint
Épouvantables idées en chants spirituels
Je te donne en fin ce vers inactuel




AMOURS ET CONTR’AMOURS VOS ARDEURS ÉCRIVEZ


Amours et Contr’amours vos ardeurs écrivez
Amours pures d’un jet Contr’amours contariées
Les Amours de Ronsard Contr’amours de Jodelle
Couché au doux abri d’un myrte et d’un cyprès
D’Aubigné amoureux, les horreurs de la guerre
Tente en vain d’oublier Amour faites non la guerre
Allez mes vers accompagnez plutôt que massacres
Beautés Sonnets pour vos belles angevines
Belles comme l’aurore de paroles divines
D’un seul petit regard nous voilà enflammés
Comme on voit dans la nuit un beau ballet d’Amour
Contr’amour s’est noyé dans le fleuve Méandre
Vos yeux sur les minuits viennent encore me prendre

LES ERREURS AMOUREUSES ACCOMPAGNENT MORPHÉE

 

Les erreurs amoureuses accompagnent Morphée
En ses Métamorphoses Il confond lis et rose
Ceignant les bras de son âme « espamée »
Proche par conséquent de tomber dans les pommes

En voyant en imagination sa maîtresse
Le voilà fol sourd muet et sans âme
Son propre cœur bondit et à nouveau « se pâme »
Le trop de joie entraîne sa tristesse

Vous perdez temps lui dit alors sa dame
Augmentant par ces mots sa passion
Que le poète nomme sa Cupidine flamme

Quand je relis cinq siècles après ces vers
Qui eurent en leur temps valeur et utilité
Je ne puis m’empêcher moi aussi d’en plourer

Mélanges : Pontus de Tyard, Ronsard, Philibert Bugnyon, Jean Jacques Dorio