Au commencement Dieu créa le ciel et la terre affiche mon smartphone
ou bien Cal me Ismael l’incipit de Moby Dick
ou encore le début mythique de Cent ans de solitude :
Muchos años despues frente al peloton de fusilamiento el colonel Aureliano Buendia…
Longtemps après se trouvant devant le peloton qui allait le fusiller le colonel Aureliano Buendia…
Tout ça c’est de l’hébreu me dit à juste titre Dieu qui refuse obstinément de sortir du jeu
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LECTEUR FACE AU PELOTON D’ÉXÉCUTION

COMMENT FAIRE LIRE MES ENFANTS me demandent désappointés des parents qui ne lisent jamais en présence de leurs enfants Comment faire lire mes parents questionne espiègle cet ado plongé dans la lecture au long cours de l’Idiot Comment ne pas mettre sous les yeux des non-lecteurs cette phrase d’un certain Charles Louis de Secondat de la Brède plus connu sous le nom de Montesquieu : L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture m’ait ôté Comment cette lecture peut-être aussi déroutante que cette Esquisse d’une psychologie liminaire à travers une porte fermée : -Qui est-ce ? C’est toi ? -Oui c’est moi, c’est moi : c’est bien moi, ton ogre et ton silence, ton abîme et ta vie, ton inconnu, ton dieu, ton épouvante. Comment ne pas aimer ces écarts de langage, bleu angélus, jardin de l’espérance qui se dissout en une palpitation de rayons d’argent et de pétales de roses Ou bien poésie pure, « cette longue hésitation entre le son et le sens » Et face « au peloton d’exécution » quelle sera cette dernière phrase qui me viendra en tête in extremis ? avec Jean Tardieu, Mallarmé, Marcel Proust, Valéry et l’incipit de cien años de soledad : Muchos años después, frente al pelotón de fusilamiento, el coronel Aureliano Buendía había de recordar aquella tarde remota en que su padre lo llevó a conocer el hielo ». Bien des années plus tard face au peloton d’exécution, le colonel Auréliano Buendia, devait se rappeler de cette étrange soirée au cours de laquelle son père l’emmena faire connaissance avec la glace.
RÊVES À BORD : VIGIE VIRGILE CENT ANS DE SOLITUDE
RÊVES À BORD
Rêves à bord se dit le rêveur vigilant Rêves de vigie sur des vers de Virgile alias Publius Maro prononcé comme notre bon Marot (je m’avance un peu car latin d’école ne fit) Rêve des vents d’autan venus de la Montagne Noire Rêve d’Auréliano Buendia face au peloton d’exécution qui ouvre le récit du réalisme magique de Cien años de soledad 1 Rêves des pèlerins perplexes devant le Christ Sémaphorique du tympan de Conques Rêves où le rêveur vigilant laisse à ses lecteurs bienveillants le soin de démêler fantasmagories et réminiscences Rêves des coqs à l’âne et des poules du couvent qui couvent leurs œufs homographes Rêves qui n’ont pas de noms et que l’on pousse sur le papier comme simple rêverie sans la surcharge d’aucun savoir 2 Rêves puisés dans les textes de Michel Butor (Matières de Rêves) ou de Philippe Jaccottet (Les Semaisons) Rêves faits maison parmi les près de Naouzos où je gardais enfant les vaches faisant leurs bouses à côté des « tuttes » de grillons Rêves d’Orion et du père Dorio qui appela Sirius son chien de chasse à la bécasse Rêves de jubilation issus de mai 68 faits dans une soupente où m’hébergeait une actrice de tragédies Rêves d’amours délices et orgues Rêves polysémiques de Sapientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible 3 Rêves de fin de partie où l’on s’abandonne à l’énergie du vide sans penser ni redouter la venue du Grand Couac
1 Cent ans de solitude Gabriel García Márquez 2 Gaston Bachelard 3 Roland Barthes (derniers mots de sa Leçon au Collège de France)
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi