7h51 « Ils étudient, théoriquement et expérimentalement, l’intrication, la non-localité et la décohérence, dans des systèmes d’une complexité croissante. » Alors que je finis de recopier cette phrase, pour le moins énigmatique, le smartphone entame son chant répétitif, faisant sonner l’alarme à l’heure prévue, me rappelant qu’il est temps de lever les doutes sur ma localisation et de dire adieu aux quantas. 8h01
Mardi 09/02/2021
7h25 Quand Dieu depuis belle lurette est mort et enterré, « rien n’aura eu lieu que le lieu. » Une formule qui clôt, en quelque sorte l’attrait pour le Romantisme, de Stéphane Mallarmé. Mais comme tous les déçus d’une cause, il exagérait. Le « lieu » est aussi ce monde ouvert sur une langue en perpétuelle recherche d’un temps, que nous aimons célébrer, pour « frères humains, qui après nous vivez, » ayant le cœur avec nous adouci. 7h36
Mercredi 10/02/2021
8h39 Jean-Claude Carrière qui vient de s’endormir pour le sommeil définitif, ne pourra plus, désormais, assouvir sa passion de lecture, que « les yeux fermés. » Je prose cette ligne, mélancoliquement, le livre dernier où il fait part de toutes ces expériences « Ateliers », sur mes genoux. La liste de ses rencontres et réalisation est infinie. Au cinéma et au théâtre. Cet été, stimulé par son livre, j’ai relu dans mon jardin La conférence des oiseaux,ce merveilleux poème d’un auteur de l’Inde du XII° siècle, que Carrière adapta pour son ami Peter Brook, mis en scène au Cloître des Carmes, en Avignon. Nous vîmes le spectacle tendrement avec mon épouse…et le cri des martinets, le 15 juillet 1979. 8h43
Jeudi 11/02/2021
8h37 Hésitant ce matin, je me rabats sur les deux textes écrits dans la nuit. Sur la page quadrillée, -mon cahier d’écolier-, une variation autour de la phrase de Roland Barthes « mon livre doit être considéré comme dit par un personnage de roman ». (R.B. par R.B.) Sur la page blanche des poésies, une mise en abyme de mes poèmes « postés » chaque jour sur le blog poésie mode d’emploi (depuis le 08/01/2006) . « Poèmes anthumes », comme il se doit. 8h45
Vendredi 12/02/2021
7h30 Cette nuit, pour reprendre le fil de mon agenda d’hier, j’ai calé. Mes braises n’ont pu embraser la page « vierge et vivace du bel aujourd’hui ». Le poème est resté dans sa « bouche d’ombre. » 7h35
Samedi 13/02/2021
9h15 -Ah ! bon, je croyais que « le dialogue des insectes » était une invention de ce bon Jean de la Fontaine.
-Tout le monde peut se tromper dit Miró, en dessinant des fourmis rouges avec des nervures de chèvrefeuille et des cigales à l’œuf qui dansent la rumba.
9h30
Dimanche 14/02/2021
5h00 Attention travaux. La matière des mots, des couleurs et des sons, sans cesse étirée, malaxée, mise en forme, manière de maintenir la petite flamme des arts, chercher ce qu’on ne peut trouver, mais « Sirène la mer haute, Contre tempête chante » (Philippe de Thann XII° siècle) 5h05
"Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman"R.B.
Que Dieu existe ou n’existe pas ? – Pas mieux ! dit en substance Gérard Genette, dans son entrée. (Dieu : Apostille). Légèrement moqueur, disons, il illustre par sa formule, sa devise personnelle : « modéré, mais sans excès ».( la meilleure traduction, dit-il, de l’annotation musicale, moderato ma non troppo ).
Mais, si je puis me permettre, je trouve G.G. bien pusillanime, quand il adresse quelques « jurons stéréotypés » à Qui-Vous-Savez. Sur le sujet il faut se tourner résolument vers le grand Georges, dont « la ronde des jurons » est un pur chef d’œuvre, toute catégorie littéraire confondue. Brassens, en effet, d’un rythme alerte et enjoué, décline tous ces jurons en –bleus, qui désignaient de manière atténuée « dieu » pour ne pas que la sainte mère Église ne sévisse. Exemple « palsambleu : par le sang de dieu. Lisez et écoutez ce festival, tiré de derrière les fagots et de la recherche effrénée de Jojo :
« Tous les morbleus, tous les ventrebleus Les sacrebleus et les cornegidouilles Ainsi, parbleu, que les jarnibleus Et les palsambleus Tous les cristis, les ventres saint-gris Les par ma barbe et les noms d’une pipe Ainsi, pardi, que les sapristis Et les sacristis Sans oublier les jarnicotons Les scrogneugneus et les bigr’s et les bougr’s Les saperlottes, les cré nom de nom Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre Tous les Bon Dieu Tous les vertudieux Tonnerr’ de Brest et saperlipopette Ainsi, pardieu, que les jarnidieux Et les pasquedieux »
Cependant, après « le polisson de la chanson », je ne peux terminer l’article, sans évoquer mon père, qui avait hérité du doux nom de Noël, mais qui pour ce qui concerne l’affaire Dieu, n’y allait pas par quatre chemins. Combien de fois l’ai-je entendu pester ses mille dious de rémilledious, mille dieux de remilledieux !, le soir dans son étable, trayant à la main ses 2 ou 3 vaches, qui, agacées par les mouches et les taons, n’arrêtaient pas de bouger la queue, et manquaient de renverser le précieux seau, rempli du bon lait de nos pâturages, et que les « paroissiens » du village viendraient un à un chercher dans leur petit pot ma mère. (C’est elle qui les servait, bien qu’elle ne s’appelât pas Marinette).
Un dernier mot, pour Dieu sait qui, mais qu’il m’agrée d’ajouter à mon « dictionnaire à part moi. »
Ces « millediousdérémilledious », en occitan, jamais au grand jamais, je ne les ai entendus dire par personne d’autre que mon cher papa. Mais il faut dire qu’il fut toujours un dieu pour moi.
Mon père Noël voix paroles et musique JJ Dorio accompagnement guitare Philippe Bruguière studio Le Petit Mas le cd est à commander à doriojeanjacques@gmail.com merci de soutenir les créateurs clandestins