Trois heures treize
Ma sœur Thérèse
La nuit est belle
Sous la chandelle
Les vers s’égrènent
Issues et graines
Voix solitaire
On ne peut taire
Cet air très vieux
Que rajeunit
Ce nouveau dieu
Qui toujours nie
Trois heures vingt
Frère Sylvain
La nuit rebelle
Blonde aux yeux noirs
Flamme éternelle
Vêtue de noir
Les vers chancellent
De purs sanglots
Le chant de celle
Partie trop tôt
L’horloge sonne
Il n’y a personne
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LA POÉSIE : UN ESSAI DE RÉHABILITATION
LA POÉSIE SANS BLABLABLA
La poésie sans blablabla la poésie ça jette un froid La poésie des soupers aux chandelles dans le port de Bougie La poésie du coffret de santal 1 La poésie d’Anna de Noailles pressant contre son sein la vie âpre et farouche La poésie du trèfle rouge agité comme leurre devant la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf La poésie des bœufs des jams des impros de guitares manouches La poésie par petites touches La poésie des élégies le genre ailé d’Icare et de Joachim Du Bellay La poésie des Regrets La poésie des voix intérieures coulant à grands flots chez Monsieur Victor Hugo La poésie des conversations à voix basse et des partitions de Paul Verlaine notant avec soin l’inflexion des voix chères qui se sont tues La poésie du revolver aux cheveux blancs 2 La poésie du soleil noir dont on tâche de recoller pièce à pièce les métaphores et les oxymorons La poésie des livres maudits isolés en chambre de décontamination La poésie de cette nuit portée par mon crayon sur un papier la voix en tête de poèmes affichant leur vulnérabilité Mais la poésie en fin de conte et contre toute attente réhabilitée
1 Charles Cros 2 André Breton
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J’ÉCRIS opus 9
J’écris pour je ne sais trop qui et contre je ne sais trop quoi J’écris sur l’Azur Et ce soleil de l’enfance J’écris sur cet ultime vers Tracé par la main de Machado : Estos días azules y este sol de la infancia J’écris pour après tant de paroles vaines Que survive la parole J’écris palabras, soledad, llovizna, en Lima : cette pluie fine, si fine, un jour où Dieu était malade, très malade, en fin de partie J’écris toutes les nuits Pour ne pas laisser brûler en vain La flamme de la chandelle J’écris sur toutes les paroles entendues et qui ne sont rien que du silence si j’en crois ce poète qui composa son recueil page à page devant la casse, devant le marbre, devant la machine, prenant une à une les lettres dans leur petit cassetin pour les aligner dans le composteur comme faisait son épouse Germaine qui venait de quitter définitivement leur imprimerie pour cause de décès J’écris sur l’oreiller Tant qu’il y a un peu d’espace vierge sur ma page J’écris à part moi et à part ça je pourrai dire que j’écris aux autre mois (faut-il les orthographier avec un s ?) Si j’écris Est-ce pour témoigner Est-ce pour me leurrer Est-ce pour me concilier la bienveillance des lecteurs privés d’images ? J’écris un livre nouveau sous le bras Comme celui qui vient d’acheter son pain frais croustillant J’écris sans ambages Préférant au bon grain L’ivresse la folle ivraie évocations citations Antonio Machado, Cesar Vallejo, Gaston Bachelard, Pierre-Albert Birot.
LA POÉSIE DU CALAME ET DE LA CHANDELLE
Il est nécessaire que les termes que l’image joint
s’appellent par un côté et par un autre se repoussent.
Aussi j’aperçois une grave erreur
dans la maxime de la poésie moderne
suivant laquelle une image est d’autant plus puissante
qu’elle jaillit entre les termes plus éloignés.
L’éloignement ne suffit pas : il faut encore la justesse.
Roger Caillois
La poésie du calame et de la chandelle
Des récitals et du for intérieur
Des primitifs des précieux
Des aborigènes des décadents
La poésie du souffle de la souffrance
Des frustrés des résurgents
Des poéticiens des saltimbanques
Des docteurs de la mort
Des guérisseurs de la vie
La poésie ouverte fermée
Réelle imaginaire
Métisse tissée d’écritures inouïes
Diastole systole
Hors système hors concours
La poésie esprit évasion
Arbre des allégories
Chauffe-biberon pierre mise de chant
Neige en pleurs beauté d’antan
La poésie dynamitée
Dualité à hue à dia papillon diapré
Monstre diégétique
Temple tenu par les troncs d’arbre
Colonnes palmiers
CES SIGNES QUE NOUS HAÏMES
J'ai écrit un poème que jamais personne ne lira
Je l'ai donné au vent brûlant de l'oubli
Feuille à feuille au son d'un tambour Hopi
C'était un long poème qui n'en finissait pas
Écrit dans des bistrots du Quartier
Sous la flamme vacillante d'une chandelle
Ce poème
Que jamais personne ne lirait
J'en ai trouvé des bribes
Dans une revue éphémère
De nos années de braises
Des titres phonémiques et graphémiques
Traduits d'un soi-disant auteur de la Beat
Des copains les auront ramassés
Sur mes tables de café
Poèmes hors de saison
À présent que graphèmes et phonèmes
Ces signes que nous haïmes*
Ont disparu du champ
*par assonance et antiphrase