JE ME SOUVIENS D’EL DESDICHADO

Je me souviens d'el desdichado
Je me souviens du soleil noir de la mélancolie
Je me souviens que ma mère disait parfois qu'elle avait le cafard
Je me souviens des cucarachas dorées 
Je me souviens de mon père Noël Dorio
Je me souviens de Marie Jeanne qui s'est jetée du pont de la Garonne
Je me souviens du Val d'Aran
Je me souviens des pastilles Valda
Je me souviens de Jean Valjean




Je me souviens des Misérables
Je me souviens que je devais faire un brin de causette aux villageois installés sur leur chaise devant leur porte les nuits d'été
Je me souviens des fauvettes de Mai et des chers corbeaux déli-ci-eux
Je me souviens d'avoir déniché des petites pies qu'on appelait des agassous
Je me souviens du dépit de l'homme à l'oreille coupée
Je me souviens des Aliscams de Paul-Jean Toulet :
Prends-garde à la douceur des choses
Je me souviens de Tous les garçons et les filles de mon âge
et des cactus



POÉSIES ENFANTINES





J’ai tendu une corde de clocher en clocher,

et je danse.

Mon maître d’école avait inscrit la phrase

sur une banderole

qui flottait sur nos têtes.





Moi, quand je fus instituteur,

je remplaçai le danseur de corde

par Moi dans l’arbre





T’es fou tire pas !

C’est pas des corbeaux

C’est mes souliers

Je dors parfois dans les arbres





Ha!ha! On en a fait des lectures et des variations

sur ce dormeur dans son arbre





Comme « le paresseux » accroché au palmier,

au milieu d’une cour d’école de Caracas

où j’enseignais le français à de jeunes enfants.





Des infantes plutôt, des fillettes à l’esprit vif et sautillant.

-Profé ! profé ! comment dit-on « pereza » en français ?

– On dit « paresseux ».





Dame souris trotte Rose dans les rayons bleus

Dame souris trotte : debout paresseux !





italiques : vous devriez trouver le duo, première et dernière citation,

poètes majeurs, comme on dit, de notre panthéon poétique.

Quant à « Moi dans l’arbre ! »,

chapeau ! si vous connaissez son auteur

profond et facétieux.