J’AI CONNU

J’ai connu le tablier gris des écoliers et le jeudi des quatre dimanches où l’on chômait

J’ai connu l’écriture à la plume sergent major que l’on trempait dans l’encrier en porcelaine fiché dans la table en bois (le pupitre)

J’ai connu le tableau noir où le maître, plus rarement la maîtresse, nous permettait de faire claquer ou crisser les craies de toutes les couleurs, mais principalement la craie blanche comme neige

J’ai connu tous ces petits bonheurs de l’enfance 

Je  l’affirme croix de bois croix de fer et je le signe sur mon site numérique mesurant ainsi la distance abyssale qui nous sépare de cette époque d’un commencement qui n’en finit pas

MON PROF DE PHILO ET LE COGITO

 
Le vrai tu t’en souviens « peut n’être pas vraisemblable »
Tu te souviens de ton prof de philo qui fit un sort au Cogito
Il écrivit la célèbre formule cartésienne
À la craie blanche sur le tableau
Puis il prit son chiffon
Et dit à haute voix :
« Je pense donc j’essuie »

SALLE DES POÈMES PERDUS

Tu grignotes dans la nuit ce biscuit inactuel 

que l’on appelle encor – semble-t-il ? – un poème

Avec la craie qui le traça sur le tableau noir de l’enfance
Avec le stylo feutre bleu qui enjambe les ponts et les refrains présents
Avec tes doigts de vieux copiste aimant les lettres illuminées
Ensuite c’est la grande inconnue

Salle des poèmes perdus