C’est l’heure de remplir mes deux grands feuilles de nuit C’est l’heure où je dors à moitié, je bâille, je réfléchis Tu me la bailles belle, écrit cette plume qui semble avoir une idée derrière la tête À la baille ! À la baille ! crie le mono aux mômes de la Colo (moi c’était pour mes dix ans côté océan que je découvrais près d’Hossegor) C’est l’heure des réminiscences et des confidences involontaires (moi -encore- c’était sur Rémi et Colette qui venait de paraître que j’appris à lire l’alphabet en fumant « la pipe du Pape Pipu » et que je m’exerçais à écrire en cursive) Elle court elle court l’aiguille des secondes sur l’horloge de mes heures vouées à la plus haute fantaisie Colette a coupé une tulipe rouge Rémi joue avec son petit canot & La barque de Francis tire sur sa longe Allonge ! Allonge ! tes bras, tes phrases Allongeails Paperoles Citations imprévues de l’an mil que tu traduis en français d’aujourd’hui : « Bien vois que pour si haut monter N’est mise l’échelle assez haute Mais l’allonge d’amour et de mon bon vouloir Me doit aider et valoir » C’est l’heure de boucler cette variation qui vogue à présent sur l’aile d’un dictionnaire dont les mots se déploient à part moi
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