L'avril sans vers ni vermisseau Animaux à mi-mots Zao Wou Ki est parti Blancs en deuil Temps des cerises Fréhel Fredons & Poésie L'avril jusqu'au trente J'ai laissé filer l'avril jusqu'au trente, Pas un seul petit vers ni vermisseau. En revanche sur le blog poésie mode d'emploi les poèmes ont fleuri pêle-mêle, ordonnés par les jours, les nuits, la courbure des animaux : chants du loriot, huppe des Alyscamps, lièvre patagon, perdrix des neiges. Aujourd'hui Zao Wou Ki est parti, encres de Chine et lavis, blancs en deuil. Sur le papier des taches de soleil et d'ombres, sur les feuilles boursouflées « sans titre » éveille notre imaginaire. Refusant les pensées figées, je laisse aller, sans m'y arrêter, les idées qui viennent et puis qui passent. En silence, loin du monde saturé de bruiteurs. En attendant l'éclat verbal, la ligne juste. Lisant à voix haute à son chat les paroles à contre-courant, sans suite. Cerisier, merisier, de Martigues à Combourg. Au temps heureux de nos cerises, Riant de bon cœur, car il est bien court. Une fille à Cancun, l'autre à Craco vie. Et nous deux. Premières hirondelles, et pour la rime, la rue de Fréhel : J'ai l'cafard, la coco, comme un moineau. Comme les fredons d'une poésie : une heure dans la nuit, personne en vue qui nous sermonne. L'avril jusqu'au trente. C’était l’Avril 2013 Au temps Heureux de nos cerises sans plaie au cœur Sans mort prématurée de « ma moitié » Ni guerre anachronique Dans les terres dévastées de l’Ukraine
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JANVIER DÉCLINE SES SEPT PREMIERS JOURS
2011
Essais répétitifs d’alexandrins labiles
Mon premier vers le jour de l’an ouvre ses pas.
Un doux combat. Ainsi les mots se frottent aux choses.
Et le Sujet ? Soi comme un autre… animal !
En éveil, aux aguets, Sois ce fou qui dit vrai,
Cet oiseau de passage oubliant son destin.
Flux et reflux, encre et lavis, noirceur lumière,
Septième jour shabbat. Dieu nettoie ses outils.
2012
Hendécasyllabes :
à travers le boitillement si neuf du vers de onze syllabes
Jean-Pierre Richard (Pêle-mêle)
Ce lieu tranquille où la vie entre les lignes
Passe sur un papier muet qui attend
L’image inattendue ou la citation
Ouvertes sur la musique de nos livres.
Je réveille le vieil hendécasyllabe
Qui ne sait désormais sur quel pied danser.
Subsister, persister : faire sûrement
Sa retraite. Savoir être à soi dit (Montaigne)
2013
une année vouée aux décasyllabes
C’est le premier janvier deux mille treize
Sur cet agenda du Métropoli
tan museum of art : la mort n’y mord*
Une année vouée aux décasyllabes
Marcher sauvagement sur des sentiers
de traverse Il n’est meilleur souhait
que celui que l’on transmet sans rien dire
*Clément Marot
2014
Les vagues ennéasyllabes mystérieux.
(Paul Valéry, Lettres à quelques-uns, 1945)
Vers impair ennéasyllabique
Tous les vers impairs manquent d’un centre
fixe et, par là, blessent le senti
ment naturel de la symétrie
qui est en nous. Ah ! ces chers gloseurs
Ah ! Verlaine et ton art poétique
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
2015
il rêvait qu’il traversait le Pont des Arts
un livre d’octosyllabes sous le bras
Où je suis né on me l’a dit*
Mais ceux-là même sont partis
depuis longtemps hélas. Mon père,
ma mère, essentiellement.
Dans une maison de village,
face à l’église qui sonnait
mâtines, midi, l’angélus.
*Georges Perros
2016
Un homme très savant, un professeur de poésie symboliste.
Il pourrait vous rédiger des prospectus en heptasyllabes.
Raymond Queneau (Le vol d’Icare)
Tout cela n’est pas sérieux
C’est ce qui fait son enjeu
Son adresse- au lecteur.
Nul objet ne s’y présente
Ni mimosa Ni éponge
Et pour comble de malice
Le sujet qui tient la plume
(Est resté dans la coulisse.)
2017
le rythme de l’hexasyllabe est du même modèle
que celui de l’hémistiche de l’alexandrin
Dimanche jour premier
La manche est tirée
Cachant la main le poing
L’aube point à la ligne
Mots sortis de la bourse
Du bon père Larousse
Les petits parachutes
(Dans les pissenlits)
2018
C’est cinq cette année
C’est pentasyllabes
Tu es tu n’es pas
Signes sur la page
La prose du monde
Et toi à l’écart
Tu es la voix autre
Le secret des marges*
Tu n’es pas celui
(Que les autres voient)
*Dorio (Editions Rafaël de Surtis)
2019
l’emploi du tétrasyllabe est très rare
mais on peut citer les « Djinns » d’Hugo
(troisième et antépénultième strophe)
Tu recommences
Mais cette nuit
Tu écris en bleu
Tu lis un livre
D’anthologie
De coqlicots
Et de bleuets
2020
le trisyllabe est plutôt lié
à un effet soit satirique,
soit plaisant…
Il ne sert
À rien
D’expliquer
Dorio
Dans le texte
Dorio
(A’Xist’pas)
(n’oubliez pas les diérèses)
MUSIQUES SUR L’ARC DE L’ESPACE-TEMPS
MUSIQUES SUR L’ARC DE L’ESPACE-TEMPS
en vers décasyllabes qui rebiquent
À certains moments, longs ou brefs, répétés ou isolés, tous les poètes qui le sont vraiment entendent l’autre voix. Elle est étrangère et c’est la leur, elle est à tous et à personne.
Octavio Paz
Les promesses de l’aube : le soleil
est un ballon l’ancre est une ficelle
venue d’un trait de plume. Ma sœur femme
100 têtes* s’entête et fait les yeux ronds
aux lettres qui sont le sel de nos vies
Œil attrayant œil arresté** Mon œil
s’oublie et s’enroule autour de la barque
du pêcheur d’étoiles À la croisée
des voies à six voix et viole de gambe.
La mer, l’aile falquée d’une mouette,
les traits de Braque et du pauvre Ni
Colas sautant du toit-terrasse d’Antibes.
D’oc et d’ocres, de violet et de noir,
les notes s’égrènent et s’engrainent, l’espace
accordé au désir d’éternité.
Là-bas l’improbable et l’insaisissable.
Blablablabla, petit carré de terre
où l’on sème ses graphes et ses griffes.
Une aile un rire une passerelle
dans l’arche où chaque voix tresse une corde
nouvelle à son arc. Collages, ramages,
En marge : Où est l’oiseau ? Où est la
femme ? Où est la main des roselières ?
Et le cri de l’oiseau-lyre : Plus loin
Toujours plus loin ! Sous le buvard des cendres –
douleurs, souffrances, noirceurs -, il y a
le miel du poème. Chant général :
mientras la oscura tierra gira
con vivos y muertos. *** Et bien d’autres
musiques sur l’arc de l’espace-temps.
*Max Ernst ** Saint Gelais *** Pablo Neruda
« pendant que la terre obscure tourne
avec les vivants et les morts »
Martigues septembre 2013