FAIRE DU MONDE UN GRAND COMMENTAIRE SANS PAGE FINALE

J’y trouve toujours, parfaitement indomptable, une sorte d’incitation troublante à écrire sans arrêt, à écrire au point de tout noter et de faire du monde un grand commentaire perpétuel sans page finale.

Enrique Vila-Matas (Mac y su contratiempo) traduction de l’espagnol André Gabastou

Je lis et je bondis sur toutes les phrases écrites publiées dans ses livres par mon écrivain new-yorkais – mes lectrices-lecteurs n’ont pas oublié j’espère que son corps habite la rambla de Catalunya, mais son âme voyage voyage – un coup comme ce soir où je bronche sur un passage écrit depuis le Grand Central new-yorkais, un autre à Lisbonne, un autre à Paris où il crèche dans la chambre de bonne au-dessus de l’appart de Marguerite D. Ou bien, c’est son dernier opus, à Montevideo dans la chambre d’hôtel d’une nouvelle célèbre de Julio C. La puerta condenada

Maintenant je me frotte à la bataille des citations dont il fait grand usage Soit : ce dont on ne peut parler il vaut mieux le taire, contrecarré, si je puis dire, par Tout ce que j’écris tout ce que je dessine relève de l’enfance et du courage d’enfance qui commence à faire d’abord et à réfléchir après

La première serait de Wittgenstein la seconde je l’ai recopiée hier sur les murs du majH écrite de la main de Joann Sfar à qui est consacré une exposition explosive inventive généreuse infantile dans le meilleur sens du terme (on ne se souvient pas sans doute que c’est ainsi qu’André Breton qualifiait l’art de Mirô qu’il admirait)

Paris 12 janvier pour le premier jet Londres 17 janvier pour le texte présent et en particulier la citation ouvrant le bal

J’ÉCRIS opus 12





J’écris sans le chat de l’écrivain à portée
(il ne manquerait plus que ça !)

J’écris sur la couverture d’un livre paru en 1975
(mon premier)

J’y écris parce que quand son éditeur P.J. Oswald a fermé boutique
il m’a fait parvenir ce qui lui restait :

« les épreuves en placard » 
(que j’ai descendues du grenier pour mon jardin d’enfance
pour les brûler
avant de quitter pour l’avoir vendue ma maison)

et, à part, ce que j’ai sauvé des flammes,
la couverture proprement dite,
ornée d’un « graphisme » du peintre ami Claude Brugeilles
avec un verso, 
sa tranche (PJO JEAN-JACQUES DORIO ITINÉRAIRES)
 et les troisième et quatrième de couverture 

J’écris Phœnix
Hôte de mes nuits d’écriture

J’écris sans titre :
ni titre d’une quelconque profession
(écrivain, poète, rentier)
ni titre du texte qui s’écrit
(il viendra -ou non- après coup)

J’écris au lit
entouré de murs blancs,
de silence absolu
(exceptés ces maudits acouphènes que j’ignore la plupart du temps)
de livres (sur lesquels je « m’appuie » à tous les sens du terme)
et du smartphone en mode lui aussi silencieux
que je consulte pour telle et telle raison
(un nom propre ou commun, la relecture d’un poème, un article de commentaires, etc)

J’écris ensuite 
une fois les trois pages sus-indiquées recouvertes entièrement,
sur le clavier de mon ordinateur,
mais seulement le lendemain matin,
recopiant mon premier jet (écrit scrupuleusement sans la moindre rature)

J’écris alors musicalement
avec des chaînes délivrant sans blabla du baroque,
du jazz, des musiques populaires du monde entier

Je réécris alors, évidemment, en modifiant quelque peu, le texte manuscrit :
soit en supprimant des lignes, 
soit en m’arrêtant sur un mot souligné en rouge par l’application word pour vérifier l’orthographe,
soit pour un autre mot ou expression insatisfaisants, en consultant mon dictionnaire personnel de citations, commencé depuis belle lurette et qui s’accroît de jours en jours

J’écris aussi avec mon Petit Robert à portée, les 2 volumes du Robert Historique pour consulter surtout les « schémas » (dernier en date Vieillesse), mais aussi les lexiques fournis par la toile, en particulier celui du Crntl

J’écris, comme ceci, comme cela,
et comme je n’ai plus d’espace sur ma quatrième de couv
je m’arrête là

ce lundi 5 juillet 2021 à 2h23 













BROUILLONS





Je ne fais jamais de brouillon mais ce texte qui s’écrit sans foi ni loi ne viendra peut-être jamais au jour. S’il apparaît quelque part, en numérique immédiatement, ou plus tardivement, et de manière bien plus rare, sur la page d’un livre, ça voudra dire qu’à partir de ce texte qui n’est pas un brouillon, mais une ébauche, une esquisse et même parfois, « tel quel » le texte sorti du premier jet…ça signifiera que le texte a été revu, recopié, transféré des doigts sur le stylo aux doigts sur le clavier du traitement de texte.

Brouillon, bouillon de culture, comme le titre d’une célèbre émission de télé.

Brouillon pour bouillon, je préfère le Bouillon Racine.

C’est toute une histoire d’Art déco et d’os à moelle.

C’est toute une rue qui se termine avant la place du théâtre de l’Odéon,

par la Librairie-Galerie Racine qui édita mon livre Une minute d’Éternité.

Décidément depuis que les brouillons fétiches d’écrivains ont disparu…tout est permis !





Finalement
Tout sera toujours à refaire
De nos vies
Présentes et qui seront passées
de mode
de monde
de tentatives et d’essais.






Nous aurons été traversés
Par ces bouffées de mots et de tendresses

Bâtisseurs obstinés
Se riant des penseurs et des prétentieux
Qui croient un jour avoir bouclé
leur Système et leur valise de certitudes.





Incertains jusqu’au bout
Aimant cet imprévu
Cet alphabet de sable
qui ruine l’édifice
que d’autres peut-être reconstruiront
Ou laisseront partir
au vent léger de l’oubli éternel.

JJ Dorio Une minute d’éternité

Librairie-Galerie Racine-Paris (2011)


	

ÇA MAIS





ÇA MAIS. Un début comme ça mérite le bâton.

Mais la feuille de papier, comme dirait l’autre, elle s’en fiche.

Ça alors. Ce peut être renversant, l’écriture. Et en même temps, ça doit tenir la page,

et si possible faire dans la dentelle.

Un cochon d’écrivain, qui eut un grand succès, distinguait (il se vantait peut-être),

la batiste de la valenciennes, la valenciennes du bruges, le bruges de l’alençon.

Allons donc. Allons à London, dans la demi-brume; allons longuement, dire la poésie,

dans ses grandes marges blanches, allons à la ligne, pour faire une pause.





ça mais