RESTER ENFANT

Rester enfant
Avec ses petites filles
-deux jumelles en herbe
et une Alice des merveilles -
C’est bien plus facile
On s’amuse comme des fous
Et qu’on ne me dise pas
que je retombe en enfance
C’est juste l’inverse
Je drope ainsi vieillesse
Et passe ces moments
de plus haute joie
Oisive jeunesse
Auguste retraite*

Chanson de la plus haute tour
Arthur Rimbaud

FAIRE DU MONDE UN GRAND COMMENTAIRE SANS PAGE FINALE

J’y trouve toujours, parfaitement indomptable, une sorte d’incitation troublante à écrire sans arrêt, à écrire au point de tout noter et de faire du monde un grand commentaire perpétuel sans page finale.

Enrique Vila-Matas (Mac y su contratiempo) traduction de l’espagnol André Gabastou

Je lis et je bondis sur toutes les phrases écrites publiées dans ses livres par mon écrivain new-yorkais – mes lectrices-lecteurs n’ont pas oublié j’espère que son corps habite la rambla de Catalunya, mais son âme voyage voyage – un coup comme ce soir où je bronche sur un passage écrit depuis le Grand Central new-yorkais, un autre à Lisbonne, un autre à Paris où il crèche dans la chambre de bonne au-dessus de l’appart de Marguerite D. Ou bien, c’est son dernier opus, à Montevideo dans la chambre d’hôtel d’une nouvelle célèbre de Julio C. La puerta condenada

Maintenant je me frotte à la bataille des citations dont il fait grand usage Soit : ce dont on ne peut parler il vaut mieux le taire, contrecarré, si je puis dire, par Tout ce que j’écris tout ce que je dessine relève de l’enfance et du courage d’enfance qui commence à faire d’abord et à réfléchir après

La première serait de Wittgenstein la seconde je l’ai recopiée hier sur les murs du majH écrite de la main de Joann Sfar à qui est consacré une exposition explosive inventive généreuse infantile dans le meilleur sens du terme (on ne se souvient pas sans doute que c’est ainsi qu’André Breton qualifiait l’art de Mirô qu’il admirait)

Paris 12 janvier pour le premier jet Londres 17 janvier pour le texte présent et en particulier la citation ouvrant le bal

TOUTE LA PART FRAGILE DE L’ENFANCE DE L’ART

91  À LIVRE OUVERT  mais avec peu de pouvoir sur ses lignes    qui se déroulent  et s’échappent    comme des serpents À livre ouvert     faisant crisser les mots des exercices de mises en bouche  dismoigrogragrangraindorge quantedégrogragraindorgeras-tu   À livre ouvert   tournant dans la nuit    les pages à l’envers    lecture improvisée  pour oiseaux migrateurs    ivres de leurs concerts improvisés À livre ouvert pages arrachées et qui s’envolent capricieuses  offertes à notre humaine condition qui en ces temps crépusculaires aime plus que jamais tourner les pages des livres ouverts sur les couleurs les lumières et les sons  toute la part fragile de l’enfance de l’art  en grand péril et menacée par le serpent des contes cruels qui à la fin avale leurs lecteurs

LE LIVRE D’UNE VIE Une autrebiographie en mille et un fragments JJ Dorio (en cours d’écriture)

Mathis né le 28 février 2016 et JJ son grand-père

venu au monde le 24 mars 1945

Des gestes jubilatoires sur la toile

Martigues 19 novembre 2023

SONNET DU GRAND DÉSIR

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Au grand désir qui nous meut en la quête
De tant de vers dont pouvons disposer
Ceux que l’on crée ceux forgés par les siècles
En cet instant je lis Mellin de Saint Gelais

Au grand désir aux temps joyeux de mon enfance
Aux jeux sans cesse renouvelés Sur le pré
Dans la cour aux récrés criant comme un perdu
Au Je multiplié de paroles dégelées

À une dame qui fut ma grande chance
Avant d’être en proie aux maux et aux souffrances
Et qui revit ici sur le noir de ma page
Dans les fleurs les plus belles que je lui dédie

Minuit de feu Phœnix me visite et m’admoneste
Poursuis ta quête et chasse les lunes de ta tête !

Mellin de Saint Gelais (1487-1558)

MOTS CHARGÉS D’ENFANCE

MOTS CHARGÉS D’ENFANCE Les buses tournoyant au-dessus de notre poulailler La gnole qui coulait de l’alambic et dans le gosier des hommes faisant les forts Le terre fort la bonne terre à blé des côteaux L’Arize ma rivière enchantée Et le tabac prisé roulé fumé le Caporal Le parler occitan qu’on appelait patois Mais si toi t’es pas toi t’es qui alors ?