SALE TEMPS POUR MUMUSE

Je m’amuse je fais mumuse avec ma Muse qui me dicte ces vers d’enfant pour une certaine demoiselle à tête d’hirondelle et un certain monsieur du contentieux

Mais il y a de l’eau dans mon jazz

Voilà l’affaire

C’est un litige entre Mumuse et un gardien de la paix

Mumuse n’est pas contente

Il y a des guerres atroces sur cette pauvre Terre

On s’étripe on se trucide

-Mais qu’est-ce que tu figes ? dit-elle au gardien de la Paix.

Il est penaud et impuissant.

-Je n’y arrive plus, personne plus ne m’écoute et trois jobards mettent la planète à feu et à sang.

-Mais qu’est-ce que tu attends pour les jobardiser ?

-Mais je ne puis, mais je ne peux. Ils ont les armes de destruction massive et je suis désarmé.

Le roi est nu pense Mumuse. La gueuse, la guerre est là pour des années. Les mots en fête, les vers d’enfant, c’est fichu.

Pauvres humains, pauvres champignons et pauvres petites fées qui dansent en rond en vain pour l’éternité.

PARLER À TON ESPRIT DE TOUTE ÉTERNITÉ

Je t’écris avec mon crayon qui parle au papier

Je t’écris comme cousent le monde les Indiennes Kuna

des îles San Blas au nord du Panama

Le monde a plusieurs couches

En chacune vivent plusieurs esprits

Coudre le monde c’est les visiter

T’écrire au crayon papier c’est te revisiter

Toi qui naquis comme aujourd’hui un 10 avril

Et dont le cœur cessa de battre un 25 mai

Je te l’écris comme si ce n’était pas vrai

Comme disent les mythes

qui cousent leurs secrets

pour l’éternité

mola de l’éternité

LONGÉVITÉ

LONGÉVITÉ comme un lapsus d’éternité

Le laps des ans nous a paru d’éternité
Edouard Glissant

Lapant le lait des Chats sauvages
Pinçant les cordes d’Apache
Sur les premières guitares
Branchées sur la fée Électricité
Une à une nous avons pendu
Les vieilles araires au clou
Elles geignent au vent d’autan
Le Progrès depuis belle lurette
A fermé son étable sur le dernier des paysans
L’éternité danse le rock and blues

SHOU : Longévité

écrit par Wu Changshuo (1844-1927)

en sa quatre-vingtième année

UNE PENSÉE EN FORME DE POÈME

Nous étions assurés qu’ainsi
Se formait la pensée
Une fleur du même nom	

Jean Louis Rambour
à qui ce poème est dédié

« J’ai tendu des perches »
Un ami m’en remercie
Un post A.V.C.

Un ami poète
Immense minorité
Qui poursuit la quête

L’A.V.C. cruel
A attaqué son langage
Ça c’est le pompon !

Il me l’a écrit
Moi j’en suis tout remué
En plus il me donne

(Belle confiance)
Trente pages imprimées
Sorties de ses tripes

Des tableaux d’un peintre
En couleur en vis-à-vis
C’est impubliable

(Trop chères les pages)
Tiré en quatre exemplaires
Un précieux présent

Première impression
« Ça tient on ne sait comment » 
Mais si on le sait

Ça tient ça salue
Quarante ans d’écriture
Avec un pari

Pages une à une
Arrachées au désespoir 
Par l’activité

Avec des contraintes
J’écris en puisant dans chaque
Tableau de l’artiste

J’écris 18 lignes
Portées par un « Nous » qui noue
Nos belles couleurs

-Paradis vécus
D’une vie où tout fit sens-
À nos froides cendres

Oui du miel aux cendres
Selon les Amérindiens
Et selon Bleu roi

(Son titre choisi :
Nous étions sur le bleu roi)
Chevilles genoux

Nous aimions les fleurs
Les communes les subtiles
Ornant nos sonnets

Nous étions la brosse
En mouvement sur la toile
Des nuits étoilées

Nous avons aimé
Que nos corps s’inventent
Une éternité

Martigues 8 septembre 2023

photographie de deux pages

de Bleu roi

en vis à vis

tableaux de Ramzi Ghotbaldin

Texte de Jean-Louis Rambour

(tiré en quatre exemplaires :

pour l’instant on veut croire)

LOIN DES ARBRES OMBREUX

Mes parents reposent sous un cyprès

Ma femme sous un pin d’Alep

Mon ami qui vivait à Menton rue des grenadiers
dort au cimetière des Trébuchets

-Et vous monsieur, où irez-vous dormir votre sommeil pour l’éternité ?

- Loin des arbres ombreux, depuis longtemps j’ai opté,
pour le pays des poèmes,
celui où n’entrent que ceux et celles qui changent leurs maux réels
en mots de fantômes errants.

labyrinthe des arbres ombreux : dorio 22/06/2023