MA VIE À MOI à toi à tu Ma vie parlée et ma vie tue Ma vie l’esprit débordant du cadre de mes photographies (du bébé joufflu au dernier portrait que m’aurait fait Nadar allongé dans mon plumard) Ma vie rêvée l’ai-je bien fantasmée ? Ma vie d’un « je » ouvert par la littérature d’un reclus célèbre couchant sur le papier les vies de personnages de salon qui se croyaient immuables quand tout leur monde était en train de disparaître Ma vie à moi écrite en maints poèmes sur les ardoises du toit Ma vie donnée dans l’abécédaire d’un dictionnaire à part moi Ma vie du vieil homme et la mer Ma vie de Montaigne à sauts et à gambades Ma vie délibérément anachronique « vie fugitive » « vie devant soi » Ma vie de vieux muet assis dans le métro lisant le capitaine Fracasse en bande dessinée Ma vie croisant ces mots de l’auteur de la vie mode d’emploi : « Un père éternel » réponse « Lachaise » Ma vie de bâtons et de lettres disparaissant dans des cartes et feuillets noircis en secret entre soi et soi entre moi noir chevelu et moi blanc dégarni Ma vie et moi et toi ma conscience de l’instant qui vient séance tenante m’en libérer
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CHANSON D’AUTOMNE ET DE FIDÉLITÉ
Oh ! l’automne l’automne a fait mourir l’été Guillaume Apollinaire Je pense donc je suis n’est pas ma tasse de thé Je pense au petit café où nous avions rendez-vous Je pense au jukebox et au citron pressé Je pense à nos têtes qui tournaient Aux sons de mon manège à moi Je pense aux flonflons de la fête Et aux toiles de Manet Je pense aux froufrous de ta robe soie Ce 22 septembre où pour toi je chantonne Cette chanson d’amour et de fidélité

POCHE (un dictionnaire à part moi)
POCHE
Dans ma poche il y a de petits morceaux d’argile de la Goajira Une indienne au visage peint en noir nous fit ces petites formes à tête d’oiseau Sans mains sans pieds Mais avec une assise callipyge
Il y a aussi ces fragments d’os de seiche recueillis sur notre plage de Fos que j’ai recouverts de signes que tu appelais mes chinoiseries et que j’ai baptisées hypnographies
Il y a tes dernières paroles que tu m’écrivis les yeux humides sur le canapé un matin de ce printemps maudit
Il y a tout ce que je suis en train de rassembler pour te reconstruire Et qui m’échappe à jamais
Dans ma poche Sur ma page Dans ma tête ouverte à tous les sens Et qui brise les cadres de ce pauvre petit texte Sans voix Sans toi
Une entrée sur 222 d’un dictionnaire à part moi
à commander chez son libraire ou à se procurer sur le site de l’éditeur
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

FRAGMENTS BRISANT LE CADRE DE MON PETIT TEXTE
Dans ma poche il y a de petits morceaux d’argile de la Goajira
Une indienne au visage peint en noir nous fit ces petites formes à tête d’oiseau
Sans mains sans pieds
Mais avec une assise callipyge

Il y a aussi ces fragments d’os de seiche recueillis sur notre plage de Fos
que j’ai recouverts de signes que tu appelais mes chinoiseries

Il y a tes dernières paroles que tu m’écrivis les yeux humides
sur le canapé un matin de ce printemps maudit
Il y a tout ce que je suis en train de rassembler pour te reconstruire
Et qui m’échappe à jamais
Dans ma poche
Sur ma page
Dans ma tête ouverte à tous les sens
Et qui brise les cadres de ce pauvre petit texte
Sans voix
Sans toi
MA VIE SANS MOI
Ma vie sans moi
Ah ! quel beau titre
À plus d’un titre
Ma vie sans mézigue
Mais dans une figue
Une noix un coing
Ma vie de clandestin
Passager d’une page-poésie
Non traduite
Ma vie sans toi
Qui est partie
À pas légers
titre Armand Robin (1912-1961)