MOI QUI SUIS POÈTE

Moi qui suis poète

Tu lis ça dans ton lit

En moquant cette prétention

galéjade forfanterie

Il est vrai que le poète en question

s’en tient à une définition modeste

Il sait les lettres leur maniement

Ce qui  lui vaut (soit dit en passant)

la reconnaissance d’un Gallimard

peu enclin pourtant à publier

livres de poèmes bien alignés

Le poète en question allant quitter l’affaire   (il approche de la fin) fait à ce propos preuve d’humour témoin friable de son propre corps :

Ne vous méprenez pas je ne vous demande pas de croire en moi

C’est déjà bien que j’y croie moi-même

Ce sont croyances d’office qui me semblent déficientes

L’union précaire de moi avec moi-même m’en fait douter*

*Jacques Darras Je m’approche de la fin

NAÎTRE OU N’ÊTRE PAS





hypnographie 2/8

Naître ou n’être pas

Un enfant-roi

Un vieux dans sa poubelle

Déclamant Fin de partie





Naître ou n’être pas

Une marquise sans son marquis

La complainte de Mackie

Dans la voix de Mouloudji





Naître ou n’être pas

Le bijoutier qui fut assassiné trois fois

Le bourrelier de Szczynk

La femme du faiseur de puzzle

(trois histoires de Georges Perec

pour La vie mode d’emploi)





Naître ou n’être pas

Jules Supervielle

Jules Laforgue

Isidore Ducasse Comte de Lautréamont

Tous trois natifs de Montevideo





Naître ou n’être pas

Un singe grammairien

Le pape de la pataphysique

Jean Louis Trintignant ou Sami Frey

Amants chacun trois ans

De B.B.





Naître ou n’être pas

L’année dernière à Marienbad

Montaigne à sauts et à gambades

Un laveur de vitres à Manhattan





Naître ou n’être pas

Cette vache de liste

Qui paissant l’anaphore

Lentement m’empoisonne





Naître ou n’être pas

Ce n’est plus la question

Du calme maintenant

Voici la belle Ophélia

La blanche Ophélie flottant comme un grand lys*





*Un mixte Shakespeare Rimbaud