Tenir bon
Mais sans en faire
Tout un plat
Tenir un exemplaire
fatigué
des Fleurs du mal
Les rafraîchir
Par une relecture
Sans pathos
Une lecture paradoxale
empreinte
d’hilarité
Comme ces lignes
écrites en secret
l’œil clair
Un rituel
Qui nous incite
À tenir bon
Tag Archives: Fleurs du mal
PROSES POÈMES PHOTOGRAPHIES DESSINS DU BOUT DE L’AN 2023
6
L'AN NOUVEAU
Je tourne autour du pot où l’on dispose des fleurs pour souhaiter l’an nouveau
En ces temps de détresse réelle sur le front ukrainien à Israël à Gaza
Mon bouquet apparent a tout de fleurs du mal
Au lecteur ! dit le prologue que je fais défiler sur mon petit écran
Le frère Baudelaire n’y va pas des main morte
Mais il se contredit
C’est heureux pour reprendre la main sur nos vœux
que bon an mal an
On se doit de souhaiter
Oui on doit s’élever
Loin des miasmes morbides
Prendre ce libre essor
Qui permet de comprendre sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes
Et à la haine aux exécrables choses
infectant les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné
Voilà que d’autres vers nous donnent la bonne clé pour
ouvrir l’an nouveau
Et hasard des rencontres ce poète inspiré
avait pour nom Nouveau :
Haine qui guette et chat qui dort
N’ont point pour moi de maléfices
Je regarde en face la mort
Les malheurs les maux les sévices
Je braverai étant sans vices
Les rois au milieu de leur cour
Les chefs au front de leurs milices
Si je suis avec mon Amour
JJ Dorio
29 décembre 2023
Germain Nouveau
31 juillet 1851-4 avril 1920
né et mort à Pourrières
au pied de la Sainte Victoire
7
BONNE ANNÉE 2024, éclatante et sincère, Que chaque jour soit doux, sans frontière. Dans le calendrier qui s'ouvre, une toile blanche, Des rêves à tisser, des espoirs qui s'épanchent. Que les étoiles guident tes pas légers, Sur le chemin de la vie, à chaque lever. Que la joie et l'amour colorent les jours, Comme un feu d'artifice, éclats d'amour. Que la paix soit le refrain de cette nouvelle année, Un doux murmure, une mélodie bienveillante. Que les défis soient des opportunités à saisir, Et que le bonheur te fasse sourire. Bonne année 2024, en lettres d'or gravée, Que chaque instant soit une pépite à aimer.
Vous avez les vœux de Chat Gpt
La machine à faire des textes à la demande
Martigues 29 décembre 2024 18h
ALORS QU’EST-CE QUE T’AS ÉCRIT CETTE NUIT ? 14 CETTE NUIT J’AI ÉCRIT À CHARLES BAUDELAIRE
CETTE NUIT J’AI ÉCRIT À CHARLES BAUDELAIRE
-Alors qu’est-ce que t’as écrit cette nuit ? -Cette nuit j’ai écrit à Charles Baudelaire. Je venais d’apprendre qu’il était poursuivi par la justice pour son volume de vers qui venait d’apparaître. J’étais grandement indigné et je lui demandais des précisions. Était-ce parce qu’il avait attenté à la Religion ? Aux bonnes mœurs ? J’avais repris les accusations dont j’avais été moi-même l’objet pour Madame Bovary, en cette année 1857. Le procureur de l’Empire de Napoléon le Petit, un nommé Pinard (ça ne s’invente pas) avait dénpncé « le caractère lascif » et « l’inclination au plaisir de l’amour » de mon héroïne. -Et quel fut le verdict ? -Acquitté. Mais j’en gardai à vie un goût amer. L’immoralité je la pointais dans l’ignorance et la bêtise de mes accusateurs. -Et pour l’ami Baudelaire ? -Il fut lui condamné et dut retirer, honteux et confus, six fleurs de son bouquet, jugées obscènes et immorales. Il ne me connaissait pas personnellement, mais ayant lu avec joie mon premier roman, il m’avait fait parvenir Les Fleurs du mal dès leur parution. -Et quelle fut ta réception ? -Je lui écrivis depuis ma tanière de Croisset le 13 juillet 1857 : Mon cher ami, J’ai d’abord dévoré votre volume, d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton (Mme Bovary avait d’abord paru en feuilleton), et maintenant, depuis huit jours, je relis, vers à vers, mot à mot, et franchement, cela me plaît et m’enchante. Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités). J’aime votre âpreté, avec ses délicatesses de langage, qui la font valoir comme des damasquinures sur une lame fine. Flaubert citait ensuite plusieurs pièces qui l’avaient frappé, desquelles il détachait en premier La Beauté.
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;
Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

TOUS NOS TEXTES RESTENT INACHEVÉS comme nos vies 38, 39, 40
trente-huit
C’EST VRAIMENT ÇA LE HIC, devenir cette personne dont on ne sait plus grand-chose, même pas le nom qui s’efface un peu plus chaque nuit à partir d’un certain âge. (D’où le chapelet de pseudos (hétéronymes) qui abondent chez les auteurs de littérature.)
(Nerval, Lautréamont, Saint-John Perse, Perec : chassez l’intrus.)
Ainsi me voilà luttant en grand secret et à contre-courant dans ma barque démâtée, dans le clair-obscur de l’aurore, éclairé par la toile inaugurale de Monnet : impression soleil levant.
Je m’éloigne des choses et des événements, mais sans me précipiter, sans m’abandonner à cette fuite en avant, qui nous conduit au bord d’une falaise « d’êtres-en-tas ». (Il fallait oser la faire celle-là, citation mêlant Jean Sol Partre et Guy des Deux-Bords.)
E la nave va.
trente-neuf
ENTRE DEUX SOMMES – c’est toujours cette histoire des nuits où je ne dors que par intermittence-
je poursuis mes correspondances secrètes avec les auteur.e.s du monde entier. Cette nuit c’est, sans l’intermédiaire d’une traduction, la lecture de ce romancier complètement chiflado, (fou), qui cultive l’art de disparaître dans des pages sans fin, d’un individualisme implacable : silencio, exilio y astucia. Silence, exil et ruse (astuce).
Dans mon énième somme, le troisième si j’ai bien compté, j’ai rêvé de New York. Je passais en vélo, devant les tours jumelles enterrées, et j’entendais Dieu me dire : “Mira, guardo silencio porque no me gusta alardear de haber creado el mundo.” (Écoute, je reste silencieux parce que je n’aime pas me vanter d’avoir créé le monde.)
citation Enrique Vila-Matas (Esta bruma insensata)
quarante
TOUTES NOS PHRASES INCOMPLÈTES ressemblent à la vie, qui, en fin de compte (et de conte), n’est jamais à la hauteur de nos espérances. Je me suis endormi sur cette phrase, mais une heure après, je suis réveillé par le rêve brumeux d’un ciel lourd comme un couvercle, semblable à celui du spleen baudelairien, une image d’angoisse, qui a lourdé mon sommeil.
La dernière fois que j’ai acheté un exemplaire des Fleurs, c’était à la sortie d’un oral de ma fille. Elle avait subi les assauts répétés de ces deux examinateurs (« un homme et une femme »), qui, manifestement, n’appréciaient guère son interprétation de je-ne-sais-plus-quel poème. (Je vais demander lequel à l’intéressée).*
Je m’étais empressé de le relire, dans l’édition de poche, préfacée par Yves Bonnefoy. Quant à l’examen, il se passait dans la salle Claude Le Louche. Ceci explique peut-être cela. Tous nos textes restent inachevés, comme la vie (etc).
- Causerie poème LV des Fleurs du mal