J’IMAGINE

J’imagine Montaigne sur le cheval du temps à sauts et à gambades
J’imagine Mallarmé remodelant sans cesse son pitre châtié
J’imagine Tristan Corbière écrivant après chaque marée sur la plage des Amours jaunes
J’imagine Tardieu monsieur Jean qui danse le tango avec la Môme Néant
J’imagine mes amis Claude et Jacqueline l’une au jardin d’Alice poussant l’escarpolette du temps suspendu, l’autre faisant et défaisant sa cibiche de papier païs
J’imagine les Images que la lecture d’un poème nous donne et qui nous touche en profondeur parce que nous aurions pu les créer être parlant et résonnant
J’imagine sans fin tant que vivrai tant que vie vraie nous est permise en faits et dits en chansons en accords

précisions : les amis Claude Brugeilles et Jacqueline Saint-Jean, l’Image selon Gaston Bachelard, les dernières lignes de Clément Marot
À sauts et à gambades Jean Jacques Dorio Encres Vives 402 janvier 2010

J’imagine 3 hypnographies du 7 mai 2024

T’IMAGINES C’EST PAS RIEN C’EST QUOI ALORS?

une fantaisie du soir




T’imagines c’est pas rien c’est quoi alors ? c’est trop long à t’expliquer

T’imagines c’est de l’occitan al lum rossèl d’una candèla censada eccartar la tronanda*

*à la lumière rousse d’une chandelle censée éloignée la foudre

T’imagines c’est chacun de tes doigts sauf l’index mis en quarantaine dans les caves du Vatican

T’imagines c’est un poème qui a fait une dépression nerveuse* il n’y a qu’un pessoïen pour trouver ça

*o meu poema teve un esgotamento nervoso

T’imagines sur une malle du grenier un chat-huant fumant la pipe de Magritte

T’imagines c’est l’horloge qui tourne dans la tête tranchée par la grande aiguille

T’imagines une voix d’outre-tombe qui déchire le papier

T’imagines tantôt la vie tantôt la mort et au milieu coule un fleuve noir

T’imagines des lettres minuscules qui magnétisent ton bas de casse

T’imagines c’est pas rien c’est quoi alors ?

T’as plus qu’à tout relire !