L’ÉTERNITÉ D’UN INSTANT





La poésie





l’éternité d’un instant

la présence d’un sens

multiplié par une métaphore

un hapax





le non-sens dans l’arrière-pays

des voix chères qui se sont tues





la main qui écrit persiste

au cœur de la plus extrême

des solitudes :

le chemin le plus court

de soi à soi

passe par autrui





citations Verlaine, Paul Ricœur





on peut se procurer le livre
sur le site de la FNAC

L’INSTANT QUI DONNE PRISE

Après des jeux qui s’enchaînent et nous font échanger des paroles ailées Moi le grand-père enfant Lui le petit-fils qui fait ses gammes à l’école maternelle Le voilà muet plaçant les pièces d’un jeu de bois comme font les joueurs de go J’en profite pour lire un texte dont personne – à ma connaissance – ne parle plus Un instant précieux qui donne prise et désarme le sinistre ruissellement du temps*

* Michel Leiris (Le ruban au cou d’Olympia)

MONOLOGUANT JE DIALOGUE





Monologuant je dialogue

Dans le fournaise de l’esprit

-L’instant engendre-t-il la forme ?

-La forme nous fait-elle voir le temps ?





Je dialogue avec le Songe

-Que reste-t-il de nos amours ?

Il est resté comme un abîme

Entre ma vie et le bonheur*

*Nerval





Je dialogue avec mon double

Qui se fragmente chaque nuit

-Mais quel est ton mot de passe ?

-Recherche du « Comment vivre »





Je dialogue a volo avec le temps perdu

-Mais comment t’appelles-tu ?

-René.e Renaissance





Je dialogue avec ce chat mort et vivant

créé par ce physicien farceur

dont j’ai oublié le nom

-C’est ta contribution à la relativité généralisée

je suppose ?

-Oui c’est l’esprit même de mes poèmes

qu’on ne sait sur quel pied danser.





Je mets en dialogue le texte et le sous-texte

-Tu penses à quoi mon cœur ?

-À l’impensé ma belle !





Je dialogue avec mes toiles peintes d’acryliques

et d’encres projetées

-C’est un art expressionniste non ?

-Oui, mais ce n’est peut-être qu’une

impression soleil levant.





Je fais dialoguer la chouette de Minerve

et le hibou baudelairien

-Et ça donne quoi ?

-Des plumes éparpillées au matin

sur mon oreiller.





Je dialogue avec tous ces textes de papier

que je lis sans cesse

et relie au palimpseste

des pièces perdues ou inachevées