L’INVENTION D’UN POÈME

Ce poème n’a aucune réalité préétablie

(ce ne sera même pas si ça se trouve un poème)

Mais j’aurai à nouveau fait l’essai

Relié ce qui est séparé :

les cloches qui sonnent sans raison

l’oiseau qui ce matin chante Messiaen

et les mots automatiques qui fatiguent ma plume :

essaim

éclaircie

hypnographies

Tout ce qui évolue dans l’invisible

Et qui fera l’objet sur ma page prochaine

D’une version autre

Meilleure…ou pire

AMAS DE RIMES

J’ai le goût de l’invention et de la rareté
Celui du bol où infusent mes rares thés

J’ai le goût d’étrenner nuit à nuit mes vers
Et celui d’écouter mille discours divers

J’ai le goût d’écrire plus ou moins des ballades
Celui d’accompagner Montaigne 
Qui sur son petit cheval se balade

J’ai le goût de chanter Brassens à domicile
Celui d’ouïr chansons gaillardes et indociles

J’ai le goût de semer à tout vent buissonnier
Mes petites fleurs bleues de vrai saulnier

J'ai le goût de la mise en suspens
De l'ego devant le texte 
Qui va et vient et nous métamorphose
j’ai le goût de confier mon texte à une voix sans personne

MAIS QU’EST-CE DONC QU’UN POÈME ?





Mais qu’est-ce donc qu’un poème ?

Une forme qui va, rit,

pleure, sur l’allégorie

de la désagrégation

qui ronge toute pensée.





Un rituel où j’arrache,

vers après vers, le chiendent

d’un monde instable, hostile.





Un poème s’en dégage

Où la vie trouve un passage.

Son livre joue d’écritures

Qui mêlent la tradition

-ce pur don de soi aux mots

forgés par les grands poètes-

À l’invention d’un présent,

heureux, dans l’inachevé.





V.XI.MMXX





une voix et l’invention d’un présent heureux…dans l’inachevé