MOTS ET MAUX

en sept variations

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Trop de maux et aucun mot pour les dire

Trop de mots tuent l’émotion

Rien de trop

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Les mots il ne suffit pas qu’on les aime

pour écrire un poème

Il faut les mettre à l’épreuve

des mille et un maux

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J’ai mal à l’âme

Lame des maux

En quatre mots

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Des mots et merveilles

aux maux profonds

que l’on essaie

par l’intermédiaire

des mots du poème

de mettre en veille

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« Céder l’initiative aux mots » rongés par les vers libres visant à faire éclater l’alexandrin du vieil Hugo

Crise de vers et maux exquis (comme des cadavres) orchestrés par un maestro qui vise à la disparition élocutoire des faiseurs de vers

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La métaphore, transport à une chose d’un nom qui en désigne une autre, des mots et de leurs attributs, aux maux de la tribu.

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Pour en finir avec ce set poétique improvisé, j’ajoute ce fragment numéro 7, une dernière note (bleue comme il se doit), un fa dièse venant clore ( à défaut de les colorer) mes fadaises sur mots et maux, mots à mort, bouche cousue de fil noir, murmures et réminiscences, étoilant ma page d’origine vierge, écrite durant une nuit blanche.

DANS LA MAISON DU POÈTEREAU

Dans la maison du poètereau

Le temps s’écoule entre deux mots

Entre présent (futur passé) et temps zéro

Dans la maison de vers tracés au cordeau

La corde vibre entre deux maux

Le mal de l’idéal le mal des mal-aimés

Le corps s’afflige puis se reprend

Cesse ses plaintes de piètre penseur

Tire l’esprit vers l’extase verbale

Grosse modo  vers l’inspiration du Père Hugo

Dont l’égo surabondant se mue en voix de Dieu

Au bord de l’infini Victor prophète et messie

Joue la Comédie surchargée d’éternité

C’est et ça peut paraître boursouflé

Mais comparé aux petites bouches et aux poids plume qui se vendent au marché de la poésie aujourd’hui

Tout est pardonné

L’ACTE D’ÉCRIRE

J’écris pour exercer le droit d’inventer les mots de l’irréel

J’écris pour rendre visibles les objets invisibles

J’écris pour remuer les règles du langage cédant(comme disait l’inventeur du coup de dés jamais n’abolira le hasard ) l’initiative aux mots

J’écris pour faire entendre ce qui n’est dit que rarement

J’écris pour guérir la vie de la guerre faite à nos maux

J’écris  dans un champ miné par le principe d’incertitude

J’écris dans la pénombre parlant si bas que ceux qui écoutent ne savent pas très bien sur quel pied danser

Et c’est très bien ainsi

l’acte du pinceau : hypnographie encre de chine dorio 17 juin 2024

MADAME X.

Que de mots !
Issus de maux
Et merveilles
Et de visages
Venus d’un temps
Où l’on chantait
Pour un oui
Pour un non
Des paroles
Qui s’envolent

Que de mots !
De syllabes
Sur le sable
C’est l’été
Sur la dune
Sous la lune
Quatre accords
De guitare
De Brassens
De Béart

Que de maux !
Mis en mots
Dans l’incendie
Du temps
Que nous traversons
Grand brûlé
Ou Phénix
Avec Mallarmé
Et son ptix
Ou la mystérieuse
Madame X.




Elle était brune Un turban noir prenant sa tête
Comme deux mains gantées y fixait une aigrette
Tremblante avec un petit nœud papillon d'or
Et tout cela faisait très bien dans le décor

Manège qui tourna huit jours puis s'arrêta
Brusquement le huitième ne laissant sur la piste
Que treize chaises et les mégots de Madame X.
Évanouie comme le Nil dans son delta

Roger Vitrac Énigme qu'on ne sait sur quel pied danser

JE N’ÉCRIS POINT CE SONNET C’EST LUI QUI ME FAIT


Je n’écris point ce sonnet c’est lui qui me fait
De ses ongles dorés de sa main grassouillette
Je n’écris point d’amour de beauté de douceur
De plaisir de bon-heur de faveur de trésors
Ce sont affects perdus si j’en crois Du Bellay
Il a perdu l’ardeur en son for intérieur
Il se languit s’ennuie pâtit de ses Regrets
Et nul sinon l’écho ne répond à sa voix
Le même sut pourtant passer souvent le gué
Faire sonner la lyre d’une âme énamourée
Ô gorge damasquine en cent fois figurée !

Nous sommes même et autre heureux en liberté
Ou serfs de mille maux Nous consumons notre âge
Ou bien de mille mots faisons chanter nos rages

En lisant et récrivant Les Regrets