Sans doute la persévérance d’une voix est-elle l’unique vraie justification de la poésie. Tout ce que la poésie peut faire, et seulement quand les étoiles sont bienveillantes, c’est prêter des mots à nos questions, se faire l’écho de nos souffrances, nous aider à nous souvenir des morts, mettre un nom sur les œuvres du mal, nous apprendre à réfléchir aux actes de vengeance et de châtiment, et aussi de bonté, même quand la beauté n’est plus là. Alberto Manguel
les poèmes glissent dans le gouffre des nuits les poèmes butent contre les portes des rêves inachevés les poètes meurent dans un dernier mot resté au secret
les poèmes affrontent les fleuves intranquilles les poèmes surgissent des voix chères qui se sont tues les poètes se tuent à dire l’indicible
les poèmes travaillent le corps perdu des métaphores les poèmes césurent riment et apocopent les poètes balbutient un dernier vers de hasard ou d’azur
Ajout
Pour y voir plus clair tu fermes les yeux Pour chanter plus juste Pour le vers sublime de Verlaine : l’inflexion des voix chères qui se sont tues Pour peindre le passage Et pour parler au papier Comme écrivait en sa tour de Montaigne Le prince des Essais
Michel Cosem l’âme et l’artisan d’E.V. disparu hélas cet été
en avait écrit la 4° de couverture qui s’était à l’époque perdue
Je la restitue ici tel que me l’a envoyée Annie Briet, sa compagne d’une vie :
Jean Jacques Dorio apporte à la poésie contemporaine une touche d’impertinence et d’imprévu.
Il aime moduler sa créativité dans toutes sortes de domaines : chanson, musique, graphisme et se verrait volontiers le continuateur de la tradition troubadouresque.
Il a bien chevillé une joie de vivre qui rend son écriture très tonique.
on va bien voir
toujours en mouvement
c’est le secret du temps
vivre dans le présent
en touillant le passé
on voit le feu follet
qui court au cimetière
devant la lame courbe
du tranchant cimeterreon voit les mots anciens
qui faisaient vibrer les poèmes
parfum poison silence bruit mort vieon voit tous feux éteints
des visages innombrables
on n’y voit rien
Jean Jacques Dorio 26/09/2023 23 :00
Je ne parlerai pas
Des arbres en feu
Ni des bêtes
En fuiteJe ne dirai rien
De l’épouvante
des guerres
De la terre
De l’air
Et des mers
le Saccage
Je parlerai
Tout bas
De la douceur du soir
Et des poèmes
Anciens
L’espoir
Au creux des mots
Je parlerai
Longtemps ...Danielle Nabonne
Je parlerai tout bas de la douceur des soirs
photographie de Danielle NabonneOzon (Hautes Pyrénées)