CENT FOIS TOURNANTE VOTRE VUE

Cent fois tournante votre vue
M’inspire m’émeut me fragilise
Me sort d’Amour ce petit dieu
Controversé par la psychanalyse
Sorti d’un temple dédié à Déités
Que mon esprit contemple et ma langue avalise
Brûlant par dévotion cette recherche de mots
parfaits que j’idolâtre et qui m’infantilisent

Cent fois j’écris ô douce vie
Ensemble et toi et moi je parangonne
Fais le départ entre soupirs ardents et agonie
Ravive ainsi mes amoureuses flammes
Cent fois tournantes à votre vue
Madame dont le teint d’or m’électrolyse

Avec Pontus de Tyard (1521-1605)
Qui écrivit et fit publier
Les erreurs amoureuses

PSYCHANAZOUILLIS





Jamais je n’eus l’envie

de me coucher sur un divan

pour raconter ma vie





C’était pourtant plutôt mode

« à mon époque »

comme l’on dit





Se coucher zyeux au plafond

avec un type derrière soi

qui ne dit mot

mais qui consent

à prendre un gros billet

après la séanc’ ?

Non merci





Moi raconter ma vie

c’était rien de pesant

                                                                 mais j’aimais dialoguer

et j’aimais mes parents





Et puis tout le jargon

« condensations transferts »

toutes ces associations

qu’aiment les psychanazouillis

je les réservais à mes poésies





Un demi-siècle après

qui l’eût cru ?

J’ai conservé cette manie





Je parle au papier comme au premier venu*

Et ce sont mille voix

Qui me répondent la nuit





*Michel de Montaigne