RAISONS D’ÉCRIRE S’autoportraiturer Se déplacer D’un moi au je Se prendre au jeu Laisser entrer L’autre monsieur L’autre madame Fraternité Sororité D’un moi au nous Des mots qui nouent Ce que l’on croyait Indicible Impossible à dévoiler Sur une carte Un bout d’papier D’écran d’clavier Raisons d’écrire en boucle d’éternité RAISONS DE LIRE S’asseoir Pour se soulager Dans le cabinet de Lecture Fréquenter l’enfer de la BNF Les cent mille verges La maison de passe de Marcel Les odeurs de papier Des premiers livres de poche Se livrer Aux pages vierges et vivaces du Bel Aujourd’hui Et aux poèmes décadents de Jadis et naguère Se saouler de Complaintes et de Correspondances Prisée par tout lecteur Sous l’espèce des yeux Contemplant son éternité RAISONS DE PARLER Parce que nous avons été enfant Avant que d’être homme Parce que nous avons aimé le combat entre la Barbe Bleue et Shéhérazade Parce que nous avons voulu prouver l’innocence de Dreyfus Et des jeunes filles en fleurs Parce que nous aimons causer comme Zazie dans le métro Parce que nous aimons tutoyer Mesdames et messieurs Ceux qui parlent pour ne rien dire Et celles que nous aimons pour l’éternité RAISONS DE SE TAIRE Caute Méfie-toi Écrit Spinoza Fais gaffe On va te reconnaître Sous ton ortografe Tes pseudos Tes secrets d’un Momo Qui peigne la girafe Tes paroles en l’air Tes pastiches De Marseille ou de Caen À quand le secret Du temps retourné À la source cachée Sub specie æternitatis RAISONS D’AIMER Si on commence à faire la liste de toutes les raisons d’aimer C’est qu’on n’aime plus RAISONS D’HAÏR De H la grande hache de l’Histoire à ÏR ce refus spinoziste de la Grand’Ire ! les raisons voix passante
Archives de l’étiquette : parler
FADAISES IMPASSES COMMENT Y VOIR CLAIR ?
Je relis mes fadaises
Elles sont faites des mille et une voix
posées ici
sur ce mode d’emploi imaginaire d’une poésie
en train de s’inventer
Je provoque les étincelles de mes roues à aube
avec le bois du cèdre et le torrent des œuvres
qui les fait continûment tourner :
Libérez-vous de servitude et de vos idées arrêtées
Et passez outre la confusion et la discorde
dictées par la rumeur du monde
Je relie mes impasses
À la trop grande impatience
Qui pousse à la rue les égarés
Dialogues de sourds Refus de s’accorder
Je tâche d’y voir clair
Dans les choses inconnues
Qui viennent de ces mots
Qu’il faut apprendre à taire
Quand tout est confusion
Mais quand je les confie au papier
J’oublie toute prudence
Et laisse résonner
Un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors
Comme fait le vin et l’amour*
* Montaigne
S’il est impossible de voir « un kangourou tourner un moulin à café », il est encore possible de lire « la chanson du jardinier fou »
S’il est impossible de voir un kangourou tourner un moulin à café, il est encore possible de lire la chanson du jardinier fou, imaginée par Lewis Carroll et traduite de l’angliche.
S’il est impossibled’entendre la voix de Montaigne enregistrée sur bande magnétique, il est encore possible de le lire comme s’il parlait au papier.
S’il est impossible de sauver la planète bleue, il est encore possible de la peindre en vert.
S’il est impossible d’assister à son enterrement, il est encore possible d’en faire une répétition en invitant la fanfare des Quatr’z’arts.
S’il est impossible d’ouvrir la lame du couteau auquel il manque le manche, il est encore possible chaque dimanche d’offrir des roses blanches à sa jolie maman.
S’il est impossible que mes morts hâblent, il est encore possible, en utilisant une rime équivoquée, d’écrire cet aphorisme mémorable.
S’il est impossible de coucher son malheur sur un cahier d’écolier, il est encore possible de se coucher bonne heure à la Recherche du temps perdu.
PARLER DE RIEN
Parler de rien en se mordant la langue
En écrivant en vers cette petite prose
Parler de tout à son chat Archimède
Qui naquit à Syracuse à Pâques ou à Kairouan
Et chanter du Dimey
Un dix mai 68
Parler à Cohn Bendit
À Nanterre la Folie
Parler le nez en l’air
À Gavroche éternel
Mort sur la barricade
En sifflant tel l’oiseau
C’est la faute à Rousseau
Parler et puis se taire
Faire ce pied de nez
À dame Camarde
Sur les marches de la mort
Sur toutes les pages blanches
Écrire Liberté
Dimey Bernard est l’auteur de la chanson Syracuse
Mise en musique par Henri Salvador
Gavroche est la petite grande âme d’une scène des Misérables
écrite par Victor Hugo
Les deux derniers vers sont extraits de Liberté
De Paul Eluard
MAIS D’OÙ TU PARLES ?
À pas de chat, je me glisse dans la conversation infinie transmise par un petit livre bleu (pour la couverture), comme « un bleu », qui ayant l’illusion d’y participer, se laisse porter par le courant de sympathie qui en émane.
Je me souviens de la formule rituelle de Mai 68, où dans une ville sans auto, on causait à tout le monde dans des assemblées de fortune, aux quatre coins des rues, des places, des amphis. Il n’y avait pas un intervenant à qui on demandait, tout de go : Mais d’où tu parles ?
Je parle d’un lieu mystérieux à plus d’un titre, une chambre aux murs blancs, traversée d’ondes venues du royaume « des voix chères qui se sont tues ».
Je parle dans ma tête avec les vivants bien vivants, avec qui nous échangeons nos écrits et chuchotements, nos annonces, nos petites nouvelles du front de mer, où passent et repassent pour l’éternité, les jeunes filles en fleurs.
italiques : Verlaine, Marcel Proust.
(UN DICTIONNAIRE À PART MOI) texte en cours
MAIS D'OÙ TU CAUSES?
MAIS D’OÙ TU CAUSES Quichotte Don Quijote ? /en un lugar de cuyo nombre no quiero acordarme /(bis)Mais d’où tu parles Charles ? de quelque part comme on disait à l’époque qui prenait feu de toute part Mais d’où tu jactes Jean Jacques ? : mais du pavé et du ruisseau Rousseau /où passe (ter) mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir au bord de l’agonie /ô ma folie (bis) Mais d’où tu cornes tes gazelles tes licornes sorties des grimoires entassés dans l’armoire de hêtre et d’où tu dictes tes paradigmes perdus des champs de magnésie ? Mais en ce lieu d’utopie Lily /dont le nom m’échappe à jamais (bis)