J’écris en levant les lièvres d’un gîte Où La Fontaine songe : cet animal est triste et la crainte le ronge J’écris en écoutant les quatuors de Beethoven devenu à cette époque sourd, sourd sublime J’écris en traçant dans l’air la langue des signes J’ai l’air d’un idiot (d’un idiot utile ?) J’écris en posant des questions à mon lecteur futile Fût-il pervers polymorphe ou slameur insigne J’écris sur les nuages qui passent ici Et sur les pavés que se passèrent de main en main les petits gars et les jeunes filles de Mai 68 J’écris sur l’océan qui bouge depuis le premier bain de vagues et de houles avant mes premiers vagissements J’écris sur l’estuaire, exutoire d’un fleuve Qui baigne mon poème mystérieusement