SONNET DU GRAND DÉSIR

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Au grand désir qui nous meut en la quête
De tant de vers dont pouvons disposer
Ceux que l’on crée ceux forgés par les siècles
En cet instant je lis Mellin de Saint Gelais

Au grand désir aux temps joyeux de mon enfance
Aux jeux sans cesse renouvelés Sur le pré
Dans la cour aux récrés criant comme un perdu
Au Je multiplié de paroles dégelées

À une dame qui fut ma grande chance
Avant d’être en proie aux maux et aux souffrances
Et qui revit ici sur le noir de ma page
Dans les fleurs les plus belles que je lui dédie

Minuit de feu Phœnix me visite et m’admoneste
Poursuis ta quête et chasse les lunes de ta tête !

Mellin de Saint Gelais (1487-1558)

LA QUÊTE





Comme il était difficile de serrer de près les choses !
La matière passait de la joie diffuse à une sorte de tristesse sourde.
Tout durait et restait peuplé d’attente.

Jean Follain
Exister 


Je poursuis la quête
Mais sans sébile
La quête des poèmes lus
Quand dort la ville
Et que je transforme
Au fur et à mesure
Moderato cantabile

Je poursuis la manière
De faire ainsi place nette
À mes pièces encombrées
De trop de livres
Qui vont rejoindre des cartons
Comme des tombes de temples
Enfouis sous le sable

Je poursuis l’énigme
En enclenchant la roue de Fortune
Des cycles d’une vie singulière
Où l’on fuit la menteuse
Et cruelle illusion du bonheur 1

Je poursuis la quête
De nos capacités
À nous renouveler


1 George Sand

MAIS D’OÙ TU PARLES MADAME POÉSIE ?

 


Si la poésie te parle un instant tu ne sais plus qui tu es
la poésie de l’instant c’est son présent
pur don offrande aux frères humains et aux sœurs lustrales

La poésie se tait aussi mais ne renonce pas
le regard embrassant un arbre suivant un insecte un oiseau
et si les mots se présentent il ne faut pas les manquer

La poésie ne sait pas ce qu’elle va découvrir dans sa quête inlassable
c’est le chemin qui n’existe qu’en le faisant
c’est cette ligne qui sans ses lecteurs s’enfonce dans le néant

La poésie naît d’un manque de l’existence
et meurt de la prétention de l’avoir aboli
dans une œuvre vouée aux honneurs

La poésie si elle n’est pas une expérience de vie et de pensée
sans cesse remise à zéro
n’est que la mer morte où agonise le soi-disant faiseur de poésie
 

















texte Jacqueline Saint Jean
page composée sur papier kraft
format 14x10cm
Dorio
19/05/2017