JE N’ÉCRIS POINT CE SONNET C’EST LUI QUI ME FAIT


Je n’écris point ce sonnet c’est lui qui me fait
De ses ongles dorés de sa main grassouillette
Je n’écris point d’amour de beauté de douceur
De plaisir de bon-heur de faveur de trésors
Ce sont affects perdus si j’en crois Du Bellay
Il a perdu l’ardeur en son for intérieur
Il se languit s’ennuie pâtit de ses Regrets
Et nul sinon l’écho ne répond à sa voix
Le même sut pourtant passer souvent le gué
Faire sonner la lyre d’une âme énamourée
Ô gorge damasquine en cent fois figurée !

Nous sommes même et autre heureux en liberté
Ou serfs de mille maux Nous consumons notre âge
Ou bien de mille mots faisons chanter nos rages

En lisant et récrivant Les Regrets





SONNET D’UN POÈTE DÉMUNI

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Sur le moment j’ai fait un vers de désespoir
Un autre en suspens est venu mais bien plus tard
Sur le moment je cale je ne sais quel démon
M’empêche d’exprimer ce que j’ai sur le cœur


Je suis le démuni sans amour sans honneur
Sans livre où reposer ma tête dans un roman
Sans moments où je songe aux paradis vécus

Je suis dans la nacelle des poètes de cours
Quand il n’y a plus ni cours ni jardin ni espoir
Quand mes lignes s’effacent à mesure qu’elles courent

Sur le moment pourtant on dirait camarade
Que j’entends chanter de Du Bel Les Regrets
Du Bellay Joachim Joakim Joachin

Ce sonnet à la noix je le donne aux chiens


Avec Joachim Du Bellay v.1522-2 janvier 1560

Après une soirée joyeuse où il fête l’an nouveau
Il meurt d’une apoplexie dans la nuit du 1° au 2 janvier
au n°1 de la rue Massillon 
derrière la cathédrale Notre Dame
de Paris

de la série Lir’écrire encor un sonnet ? Il faut être sonné !

une lecture murmurée soutenue par Speak lik a child d’Herbie Hancock

SONNET D’ULYSSE RÉCITANT LES REGRETS

heureux qui comme Ulysse récite les Regrets




Entremêlant les épines aux fleurs

Pour ne fâcher le monde de mes pleurs

J’apprête ici le plus souvent à rire

Joachim Du Bellay





En achetant je ne sais quel roman de gare

Vous prenez le train à Nogent le Rotrou

C’est un dimanche à la campagne

Un jour d’automne où le temps est doux





Les champs un château des horizons reflétés

dans votre vitre Vous touchent naïvement

Vous avez en tête des poésies

Venues de la petite école





Odes et ballades que vous écriviez à la plume sergent major

Avec des rimes et un rythme que vous dissimulez

aux voyageurs voisins absorbés dans leurs smartphones





Murmurant en secret vos fredaines

Heureux qui comme Ulysse

Récite Les Regrets.


	

POUR NE PAS DÉRANGER

 
Les vers sont un art puéril
La Motte (1672-1731)
 
Pour ne pas déranger
On murmure à voix basse
Dans la douceur d’Angers
Mais sans Regrets qui lassent
Comme l’écrivait Du Bellay
                     
Pour ne pas s’en mêler
On détourne la tête
Des riches qui paradent
Et se font l’accolade
Avant de s’étriper
                               
Pour faire ces faux vers
On recopie La Motte-Houdar
Les vers sont un art puéril
 
Il est temps de filer
Et dare dare !